Lundi 15 octobre, les Néo-Zélandais de Fat Freddy’s Drop s’arrêtaient à l’Ancienne Belgique pour donner un concert à guichets fermés. Le groupe de dub aux influences multiples n’a pas failli à sa réputation de bêtes de scène en donnant un show de deux heures durant lequel se sont côtoyés le reggae, le dub, le jazz, la soul, le funk, le hip-hop et la house.
Il est vingt heures cinq quand je franchis les portes de l’AB ce lundi. Concert sold-out oblige, le bar est rempli, les files pour acheter des jetons ou des boissons longues, certain.es fans achètent déjà casquettes ou t-shirts à l’effigie du groupe. J’ai à peine le temps de déposer ma veste dans un des casiers au sous-sol et de faire la file pour m’acheter une bière que les premières basses résonnent dans le sol, happant les gens qui vident le bar instantanément.
Il y a quelque chose de particulier dans le fait d’aller voir un concert seul, un rapport à l’espace différent de quand on y va en groupe. On se retrouve à être son propre point d’accroche, liberté de mouvement complète, compensée par une moins grande capacité à occuper tout un espace. C’est à ça que je médite, tandis que ma bière à la main, je me fraie un chemin dans le public à la recherche d’un endroit plaisant, pas trop loin des musiciens, déjà répartis sur scène dans la composition caractéristique du groupe néo-zélandais : une section cuivre (trompette, trombone, saxophone) un claviériste, un dj, et deux guitaristes, dont le chanteur. Le groupe, qui joue en dessous d’une grande fresque psychédélique, sera rejoint à l’occasion de certains morceaux par un MC.
Le concert commence doucement, les sonorités reggae font dodeliner en rythme les têtes du public. La voix soul et chaleureuse du chanteur profite d’une pause entre deux morceaux pour saluer le public et la beauté de la salle de l’Ancienne Belgique, recevant les acclamations du public. Les choses sérieuses commencent quand le dj balance un beat de techno aux accents funky, les lumières se baissent et prennent des teintes bleues et rouges invitant la foule à danser. Le groupe fait monter la pression dans un crescendo impressionnant de maitrise. Quand le morceau s’arrête, salué par les clameurs du public, je sors de la salle, le temps d’aller prendre une autre bière. Quand je regagne la fosse, les musiciens sont repassés à un morceau dub, mais le public entre en transe, les timides hochements de tête ont laissés place à des déhanchés hypnotiques dans des t-shirts déjà trempés de sueur.
La musique de Fat Freddy’s Drop, alternant toujours entre sonorités dub et tempos techno-house, semble être une réflexion sur ce que ces courants musicaux doivent l’un à l’autre, comment ils s’influencent et s’interpénètrent sans cesse, liés sur scène par les longues improvisations des musiciens. Réflexion collective, à laquelle chaque membre du public participe en dansant avec plus d’énergie au fur et à mesure que le concert avance. Jusqu’à l’apothéose et le rappel en forme de variations sur le tube « Roadies » repris en cœur par un public survolté.