Ce soir-là sur la Place des Palais de Bruxelles, ce sont notamment deux grands noms du rap francophone qui se sont disputés les faveurs du public : Roméo Elvis et Orelsan. De la folie furieuse, des pogos, des mouvements de foule, tout y était ! Alors cette fois-ci, plutôt que de vous livrer « simplement » nos impressions, nous avons décidé d’organiser un match : une partie, des mi-temps, un vainqueur !
L’ambiance
Cette troisième journée du Brussels Summer Festival affichait sold out, et nul doute que la présence des deux mastodontes du rap y était pour beaucoup. C’est devant une foule de 15.000 personnes, rassemblées devant le Palais Royal, que Roméo Elvis commence son concert. Le Bruxellois, maillot de l’équipe nationale floqué à son nom sur les épaules, est à la maison et ça se sent, il multiplie les déclarations d’amour à sa ville et ses habitants tandis que les tubes de son nouvel album comme « Lenita », « J’ai vu » ou « Respirer » s’enchainent, repris en chœur par le public. Le petit prince du rap belge, de plus en plus déchainé au fur et à mesure que le concert se poursuit, nous montre toute l’étendue de son talent de showman pour faire sauter et pogoter une foule complètement acquise à sa cause pendant près d’une heure et demie.
Pas question de laisser le public se refroidir pour Orelsan, qui balance d’entrée de jeu « San » et surtout l’énorme tube « Basique ». Le rappeur de Caen a choisit le BSF comme dernière date d’une tournée qui l’a vu passé par Forest National et le festival Les Ardentes et c’est peu dire que le show est rodé. Le français ne laisse aucun temps mort au public, passant de ses premiers classiques (« Jimmy Punchline ») au tube de son dernier album, « La Fête est finie », avec le même brio et la même énergie.
Vainqueur : Romeo Elvis, pour l’osmose avec le public et le talent d’ambianceur
La musique
C’est finalement avec Todiefor comme dj, en remplacement du Motel, que Romeo Elvis entre sur scène. Les basses du producteur belge, couplées à l’énergie et aux textes pleins de mélancolie du rappeur à la voix de baryton n’ont pas leur pareil pour faire sauter le public de la Place des Palais. Elvis se permet même un petit interlude à la guitare pour le morceau « Drôle de question », chanté à tue-tête par le public, poursuivie par un medley de ses tubes « Apollo » et « Hit sale ».
Orelsan est lui accompagné du producteur des premiers jours, Scread, et d’un groupe de musiciens, ce qui donne toujours un peu de fraicheur à un concert de rap. Soutenu par un jeu de lumière impressionnant, il balance ses punchlines dans son style inimitable, qui décrit le malaise d‘une génération qui ne sait plus en quoi elle doit croire, oscillant entre introspection désabusée (« Notes pour trop tard ») et humour corrosif (« Défaite de famille »), malgré la mauvaise acoustique de la Place des Palais qui ne permettait pas de profiter pleinement de tous les textes.
Vainqueur : Orelsan, pour la présence de musiciens
Les invités
Alors qu’on espérait secrètement, et sans trop oser se l’avouer, que, comme à Forest, Orelsan soit rejoint par son comparse Stromae, le temps du prémonitoire morceau « La Pluie », ou que son complice Gringe, des Casseurs Flowteurs, l’accompagne sur le tube « Ils Sont Cools », c’est bien seul avec ses musiciens que le Caennais a régalé la Place des Palais.
De son coté, Roméo Elvis ne pouvait pas la quitter sans l’Or du Commun, le groupe avec lequel il a commencé à rapper et dont les membres sont venus le rejoindre en fin de concert pour jouer le tube « Apollo ». Et un morceau plus tard c’est au tour de Caballero, et son complice Jean-Jass, de monter sur scène pour accompagner Elvis sur l’immense tube « Bruxelles arrive » qui a littéralement plongé le public en transe. C’est aussi ça de jouer à la maison…
Vainqueur : Romeo Elvis, serré dans une caisse mais à l’aise sur la Place des Palais
La météo
Alors qu’il avait joué le morceau « La Pluie » quelques chansons avant, la météo a choisit d’illustrer les paroles d’Orelsan en faisant tomber une pluie diluvienne sur la Place des Palais. Le rappeur ne s’est pas démonté et a poursuivi, aussi trempé que son public, son concert devant une foule à qui il en fallait plus que ça pour fuir.
Vainqueur : Orelsan, parce qu’il fait quand même beau
Au final, les deux rappeurs ont livré chacun un show convaincant, tout en maitrise et en énergie et ont prouvé leur statut de super star du rap francophone. S’il fallait trouver un perdant, c’est sans doute l’organisation du BSF qui hériterait du titre. En effet, beaucoup de file à tous les niveaux et un horrible mouvement de foule entre les deux concerts qui aurait pu avoir de graves conséquences.