Esperanzah! a grandi. Esperanzah! a appris de ses erreurs. Esperanzah! nous a offert un premier jour de festival au top, avec comme principal point fort d’avoir réussi le pari d’améliorer la fluidité du site. Enfin!
Fini cette sensation d’être constamment en train de faire la file et de subir une orga légèrement à la ramasse, victime de son succès. En effet, on avait pris l’habitude de considérer le site de l’Abbaye de Floreffe comme étant à la fois la principale qualité du festival et son principal défaut. Si le cadre idyllique des lieux, qui s’étale sur plusieurs paliers, a toujours marqué l’identité de l’événement, il faut reconnaître qu’avec l’affluence croissante des festivaliers, un effet couloir et une pression omniprésente venaient ternir quelque peu le tableau. Pour moi, c’était devenu une fatalité… Esperanzah! ne pouvait régler ce problème qu’en réduisant la capacité humaine du site ou en déménageant. Et pourtant, c’est en réagençant les espaces que l’organisation a réussi à offrir une vrai bulle d’oxygène à son public.
Parmi les nouveautés de cette année, on applaudit une modification pertinente de la configuration des scènes, repensées en termes d’identité musicale. Exit la scène “découvertes” qui était enclavée entre les murs du terrain de basket et bienvenue à la scène Alpha, plus ouverte et moins dense, tout en étant mieux mise en valeur. Les deux scènes principales, “Côté Cours” et “Côté Jardin”, n’ont pas changé, si ce n’est qu’elles ont été rebaptisées “Jardin” et “Futuro”. Le Village des Saveurs, qui permet de se restaurer tout en portant les valeurs chères à Esperanzah! (circuit-court, alimentation bio, respect de l’environnement) s’étale maintenant sur deux niveaux et offre une grande diversité gustative. Les espaces sont ainsi allégés mais plus nombreux… Et on redécouvre le plaisir de se perdre dans les dédales d’Esperanzah! Un vrai bonheur.
Côté musique, le vendredi soir arborait des teintes swinggy-jazzy aux accents jamaïcains, après une mise en jambe rap et techno. C’est en effet le belge Scylla, ogre au coeur drapé de velours, qui inaugurait la scène Jardin de son rap engagé, sans concession, non apprivoisable, balançant des morceaux d’une profonde et rare sensibilité. C’est ensuite l’ovni Jacques qui a pris le relais, un peu trop tôt à notre goût, sur la scène Futuro. Je ne me lancerai pas dans l’exercice périlleux de décrire l’énergumène. Je préfère m’en remettre à ses propres mots. “Jacque + Jacque = Jacques est une équation qui synthétise bien la personnalité protéiforme de cet artiste capillairement perturbé. Jacques tricote des guirlandes de bruits créées à partir des sons de la nature et des choses et objets du quotidien. Il en fait une musique au croisement de la techno et de la musique concrète, la techno «transversale».” En gros le mec bidouille des loops techno de manière organique, à partir de sons qu’il produit avec les objets qui l’entourent. Ses instruments peuvent être un bic à quatre couleurs, une feuille de papier chiffonnée ou encore un extincteur.
La suite de la soirée fut marquée par les sets de Protoje, Grégory Porter et Proleter. Véritable figure de proue du mouvement “reggae revival”, Protoje nous a balancé durant près d’une heure un reggae classique mais léché à la perfection, exprimant la colère de ses frères à travers des lyrics conscients, responsables et socialement engagés.
Je raterai malheureusement ensuite un bonne partie du set de Gregory Porter mais il faut bien faire une pause pour se ressourcer de temps en temps. Je peux cependant vous dire que le groove velouté du chanteur américain a peut-être offert au public d’Espé un des moments d’émotion les plus abouti de cette édition.
La soirée se terminera sur le set endiablé, alliant hip-hop, electro, jazz et swing du français Proleter, balançant un son de qualité, dans lequel se mêlent organique et electro avec une fluidité naturelle.
On se couchera enfin repu des cette première journée de qualité. Et on vous donne rendez-vous demain pour la suite de l’aventure!
Stay tuned…
