Premier jour d’une édition 2016 des Francofolies de Spa qui s’annonçait sous le signe de la nouveauté.
Un village Francofou repensé pour une circulation plus fluide et un confort d’écoute amélioré, une journée d’ouverture qui faisait la part belle à l’intégration et au partage. L’accent étant mis sur l’expérience visant à permettre aux « chaisards » de pouvoir assister aux concerts de là où ils le préféraient, avec la nécessaire courtoisie que nécessitait ce défi.
Une affiche particulièrement panachée : entre découvertes, étoiles montantes et valeurs sûres, les organisateurs ont, une fois de plus, fait le pari d’offrir au plus grand nombre un panel musical attractif.
C’est sous un soleil de plomb que les premiers festivaliers ont foulé les pelouses du parc des sept heures. L’ombre était rare et chère mais la musique a tôt fait d’attirer le public aux abords des scènes.
Avec deux habitués, Sharko et Saule d’entrée de jeu, le ton était donné. Les Francos sont et resteront un festival où l’on se sent comme à la maison.
David Bartholomée présentait son nouvel album, rock et puissant, à l’image de ce qu’il a toujours défendu comme univers. De jolies retrouvailles.
Saule, invité des Francos alors que son prochain album n’est attendu que pour septembre, est venu s’amuser avec son public. Sans pression, il joue avec les spectateurs, taquine ses musiciens et surtout illumine de son énorme sourire une scène Proximus déjà baignée d’un soleil au Zénith.Saule est le genre de type qu’on aime croiser, avec qui le partage est si simple.
Mention toute particulière à Machiavel qui ouvrait la scène Rapsat pour Michel Polnareff en compagnie de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie.
Habitués de Spa, le groupe a livré une prestation d’une qualité et d’un finesse due au juste équilibre qu’ils ont pu créer entre leur son rock et la subtile vibration qui émanait des nombreuses cordes présentes sur scène. Ils ont, malgré la chaleur ambiante, réussi à donner le frisson aux spectateurs déjà fort nombreux.
Car, l’évènement de cette journée était, sans conteste, le concert de Michel Polnareff.
Attendu, celui qui avait souvent joué le coup de l’arlésienne, était bien au rendez-vous.
Fier, conquérant, l’Amiral a, dès les premières notes, embarqué le public spadois dans son voyage à travers le temps.
De Polnareff, on retient les exubérances, les audaces, les coups de gueule et les succès criants de son répertoire.
Hier, il a montré qu’il est bien plus que tout cela. Michel Polnareff est avant tout un grand artiste. Un Big Five. Sur une scène où se mêlaient lumières à l’américaine et projections simples et souvent romantiques, le français a occupé l’espace tel un lion dans la plaine tout en offrant aux nombreux musiciens qui l’accompagnaient une place toute entière. Souvent taxé de mégalomanie, il a démontré à Spa, qu’il est un artiste généreux et simple. Capable de notes d’humour et de complicité, et de soulever 8000 personnes d’un mouvement de la main.
Certains détracteurs se plaignaient de la place particulière que lui donnaient les organisateurs (avec le coût que cela pouvait engendrer), mais, au final, aucun déçu. Polnareff a assuré le show et c’était bien tout ce qu’on lui demandait.
Les coups de cœurs du jour…
En début d’après-midi, les « locaux de l’étape du jour », Kennedy’s bridge ont proposé une performance remarquable par leur précision et leur mise en place impeccable.
Sur la scène du Parc, raccord avec la météo, les Francos se laissaient emporter par le son latino de Xamanek. Les notés épicées des Chiliens transportant les festivaliers au fil d’un voyage entre Santiago et la Havane qui lorgnait quelquefois du côté de Kingston.
Le plaisir pris par ces musiciens sur scène, leur belle complicité, a instantanément gagné le public, formant à l’appel du groupe pour former une farandole digne des soirées les plus chaudes arrosées au Mojito.