Christophe Willem est l’un des artistes qui joue le plus avec son public. De disque en disque il évolue, bouscule les codes, joue les surprises.
Son dernier album « Paraît-il » a été le prétexte rêvé à une micro tournée de 11 dates qui s’est arrêtée dans des lieux insolites et intimes. L’Atomium s’en souvient encore.
Au milieu de sa tournée des festivals, juste avant la sortie fin août du DVD et du CD live « Les Nuits paraît-il » et à quelques semaines de son retour en salle (6 novembre au Forum de Liège et 7/8 novembre au Cirque Royal), c’est un Christophe Willem tout sourire, détendu et un peu taquin que l’on a eu la chance de croiser. L’occasion d’échanger et de peut-être un peu mieux cerner cette personnalité si particulière.
Scènes belges : Au moment d’entamer la saison de festivals, vous sortiez d’une tournée très particulière. Les Nuits parait-il étaient un concept original tant par les lieux choisis que par sa durée. Comment passe-t-on de ce type de concerts à la foule des festivals ?
Christophe Willem : La première date post tournée les nuits était bizarre. Sur les nuits, j’avais le public à portée de mains. Dans une salle de 400 personnes on va puiser l’énergie individuelle, dans le regard de chacun, on a une proximité troublante.
En festival, on prend l’énergie de la foule, du collectif, c’est une vague. Personnellement, une grande scène me repose plus qu’une petite salle car on y travaille aussi sur ce qui est autour du concert en lui-même. Sur une capacité plus grosse, on peut se permettre beaucoup de choses. Il y a une certaine mise en scène qui, en petite salle, pourrait paraître déplacée. Ne fut-ce que l’entrée de scène. Sur les nuits, on démarrait quasi a capella, quelque chose d’introspectif. En festival, on envoie d’entrée de jeu.
Refaire des concerts dans le style des nuits, ça me plairait bien entendu mais c’est très cher. Tout était du sur-mesure, presque de la dentelle tant il y avait un souci du détail imposé par les configurations des lieux. Je voulais réduire cette tournée dans le temps car je voulais perdre mes repères habituels et n’être connecté avec le public que par la musique. Abandonner le protocole d’un concert classique, limiter dans le temps pour éviter la routine. On a capté les 11 dates et sur le DVD, on fait le choix de mêler les ambiances. Et quand je vois le résultat, je me dit qu’on a vécu une belle histoire sur ce coup-là.
SB : Vous véhiculez l’image d’un artiste spontané et très souriant, toujours en forme. Quelle est votre recette bonne humeur ?
Ch. W. : Par principe, dans le travail, je refuse les choses que je n’ai pas envie de faire. Ça me permet de rester zen et d’être plutôt de bonne humeur de manière générale. Dans ma vie privée, j’ai des moments moins top, comme tout le monde. Dans le travail, j’ai la chance de vivre ma passion, de faire ce qui me plait. C’est sans doute ça qui me donne la pêche et qui me booste. Et puis, quand un public vous porte à ce point-là ce serait quand même malvenu de faire la tête non ?
SB : Et cet album, qui est différent des deux précédent, moins electro, moins pop, comment est-il né ?
Ch. W. : J’avais très envie de revenir à une écriture qui m’était familière. Je voulais balancer l’album et créer une diversité dans les textes. Si l’on compare les écritures de Zazie et de Carla Bruni, on sent bien qu’il s’agit d’univers et d ‘approches différents. Ajouter à cela la collaboration avec Jean-Jacques Goldman, on est arrivé à un mélange qui permet de se balader dans l’album. Avoir un album qui est très varié musicalement permet aussi en concert de poser l’accent sur un titre ou l’autre et de proposer des versions différentes d’un même morceau.
J’aime prendre des risques, écrire un scénario du concert à venir. Je propose alors à mon équipe l’une ou l’autre version. Par exemple, sur « Jacques a dit », on a choisi de mettre des cloches. L’idée est venue lorsqu’on jouait au Mont Saint-Michel. Je trouvais intéressant que le public puisse se demander si le son venait du lieu ou de nous.
Avec Jean-Jacques Goldman, la collaboration a pris du temps parce que sur les albums précédents, je trouvais qu’il n’avait pas sa place. Je ne voulais pas collaborer avec lui pour la gloriole, pour pouvoir frimer sur le fait que Jean-Jacques Goldman avait écrit pour moi. Je ne voulais pas gâcher.
Sur cet album, ça me semblait absolument naturel. Tout comme avec Carla Bruni. On a travaillé ensemble parce que c’était le moment. Je ne voulais pas simplement mettre en avant le fait que je travaillais avec tel ou tel auteur. Pour que ça marche, il faut une alchimie et ça demande parfois du renoncement ou de la patience.
Sur la couleur de l’album, sa sonorité, je suis assez sensible aux gens avec qui je peux être et aux lieux que j’occupe. Sur les deux albums précédents, je vivais à Paris, dans un rythme très rapide. Aujourd’hui, je vis dans une maison à la campagne. J’ai retrouvé un rapport au calme qui a influencé ma manière de faire de la musique. J’avais envie de retrouver l’éclectisme du premier album. De moins lisser le son, de retrouver une authenticité. Cet album-ci a été construit dans des moments de solitude qui me permettaient de poser le son, les idées. Même pour les titres plus rythmés.
Le prochain album sera encore différent. J’aime bouger, changer, m’amuser.
SB : On vous connait engagé par exemple pour les Restos du cœur. Travaillez-vous avec d’autres associations ?
Ch. W. : Je fais pas mal de choses en effet. J’aime l’idée d’être acteur d’un moment meilleur, même à mon petit niveau.
Je travaille avec Arc-en-ciel, une association du type Make-a-Wish.
Je suis aussi très impliqué dans Shamengo, qui est une association montée par une ancienne reporter de France 2. Cette association met en avant la création responsable et permet de créer de l’emploi dans des zones du monde moins favorisées. On travaille sur le durable. J’aime mettre de la conscience dans ce que je fais.