Après un samedi riche en émotions et en têtes d’affiche (nous y reviendrons avec les belles photos de notre Natacha Joveneau nationale), il était temps de conclure le Festival des Ardentes. De bien le conclure. Et, dans un cocktail melting pot, les organisateurs de la place to be liégeoise avaient encore vu juste. 

Bon, on le concède, et c’est sacrilège, nous n’avons malheureusement pu voir l’ensemble du show proposé par le jeune prodige du rap français Nekfeu. Arrivés juste pour la dernière chanson, sous une pluie rafraîchissante, c’est une foule largement jeune qui nous a happés et entraînés sur le flow du rappeur de La Trinité. Généreux et un rien casse-cou lorsqu’il DSCN1747décide (c’est une première) de tenter le grand saut du crowd surfing. Tentative sabordée, Nekfeu tel un messie promis est tiré de part en part par une horde de fans voulant tous leur part du suaire (en sueur?). Ce n’est pas aujourd’hui que le jeune homme glorifié par son premier album solo “Feu” marchera sur la foule. “Vous êtes des dingues, Liège, je n’arrivais même pas à me lever!” Le public, lui, survolté, arrivait bien à danser.

Dans la chaleur des moteurs et la moiteur du psyché

Autre scène, autre genre, mais avant ça patience. Sur la scène HF6, un problèmeDSCN1760 d’électricité a retardé les pétarades du Black Rebel Motorcycle Club. Mais, pas grave, une fois lancé dans sa course effrénée, le groupe de San Francisco nous en a fait de cette électricité qui nous avait manqués. Entre la voix rocailleuse de Robert Turner, la grâce sauvage de Leah Shapiro à la batterie et l’harmonica qui fleurait bon la scierie de Peter Hayes, le retour belge était plus que réussi pour les Américains.

Trop bon retour que pour comprendre cette incongruité du programme qu’était… Erlend Oye, promettant un retour au (trop) calme alors que nous exultions d’entamer la dernière ligne droite. Ce concert psychédélico-baba cool un peu gênant a du en achever plus d’un. La pop planante à la mauvaise heure, ça ne pardonne pas. DSCN1794Heureusement, mais trop tard, le norvégien a fait sautillé gentiment le public en guise de réveil de ce qui est assurément le moment WTF du festival.

Balthazar au sommet de son… -AR

Enfin, passons. Et chez Scènes Belges, quand on vous dit que quelque chose est bien, on n’aime pas vous mentir. Du coup, on préfère vous le confirmer deux fois plutôt qu’une, et c’était mieux que bien. Et là, pour le coup, logé dans l’HF6 cette salle obscure mais témoin de tant de tremblements festifs, nous étions comme des petits Jésus attendant un nom, un seul, parmi les rois sages de la Belgian touch actuelle. Le présentateur opère une variation sur tous lesDSCN1830 prénoms en -AR… Léonard…Gaspard… mais, pas de lézard, s’il y a une flopée de ces prénoms, Balthazar, ils sont uniques. Les premières notes s’imposent, l’ambiance avec, et voilà le public emmené en voyage, entre la délicatesse d’un violon, les accords qui claquent et la batterie qui vous sonne un homme. La fièvre aussi, mais oubliez les médocs, cette fièvre-la est bénéfique. Les frissons aussi, comme ceux irrépressibles sur Blood like Wine et son final toujours entêtant. Entre nouveautés et faits d’arme déjà accomplis, Balthazar a livré mieux qu’un concert, une aventure, à nulle autre pareille. Un des concerts du Top 5 du Festival.

Après une pause miam-miam du meilleur aloi, c’est une HF6 complètement métamorphosée que nous avons retrouvée. Un public nouveau aussi, plus jeune et plus urbain. Fini les guitares, les cordes et les maracas, place aux platines et à un invité de choc: Tinie Tempah. Enfin… pas tout de suite, car avant tout, il faut que l’assistance soit prête et à la hauteur de la jeune légende de Londres. Durant près de vingt minutes (!), soit le tiers du concert, les commandes sont à DJ Charlesy pour chauffer cette masse déjà folle et conquise. Et après un medley de titres du moment, le très souriant Tinie Tempah fait une entrée explosive et survitaminée, à du cent à l’heure sur des tubes aussi efficaces les uns que les autres. Pour tout DSCN2174dire, en grand méconnaisseur de rap et de hip hop que je suis, je ne pensais rester que quelques minutes, pour prendre le ton. Bon, je me suis vite retrouvé à lever les bras et à crier. Toute une génération se lève, connaissant parfaitement les paroles de Tinie. Les quelques vieux, eux, se contentent de suivre ne faisant des moulinettes. Mais, dans cette salle surchauffée où la transpiration n’est plus honteuse (en témoigne le t-shirt trempé de l’Anglais), où la foule saute pour se faire unique géant ondulant sur les ondes hip-hop, où les cris s’échappent et les préservatifs (décidément gonflés) volent, dans ce mélange de bière et de joint, qu’est-ce qu’on s’est senti bien!

Fauve, court mais en conclusion idéale

Puis, l’heure du choix est venu, cornélien et aussi difficile qu’il était aussi le dernier: Fau≠e ou le mythique soulman D’Angelo? Ce dernier étant bien en retard (45 minutes), nous avons opté pour le collectif français. Même si l’heure de concert prévue était bien trop courte que pour explorer le répertoire des vieux-frères. Alors, nous avons du nous contenter de ce best-of rapide mais loin d’être dénué de charme, avec une énergie à toute épreuve et un amour du public inouï. Cinq ans après son apparition de nulle part, Fau≠e continue de faire des vagues, et c’est tant mieux. Et dans la profondeur des nuits fauves, ou autres, c’est le coeur léger, les yeux pétillants que nous avons repris la route. Car cet ardent festival, quelle réussite, avec une sacrée bonne ambiance.

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