C’est une véritable tempête rouge qui a déferlé hier soir sur l’Inc’Rock Festival. Le Soviet Suprem a littéralement mis le feu à la grande scène, devant un parterre de gens chauds comme la braise. L’occasion de nous faufiler dans les loges après le concert pour en apprendre plus sur ce projet né de la collaboration de Toma Feterman (La Caravane Passe) et de R.Wan (Java).

20_SovietSuprem_Siperius_06Armés de chapkas, d’uniformes de l’Armée Rouge et de troïka, Sylvester Staline, John Lénine, DJ Croute Chef et Yougo Chavez nous ont servi un set ultra festif, véritable hommage à la bonne humeur, qu’on n’est pas prêt d’oublier. Gros mélange aux sonorités balkaniques et gipsy , agrémenté de ska, de hip-hop et de musette, tout y était! Du fun à l’état brut… Le groupe n’hésite pas à faire monter des festivaliers sur scène pour trinquer avec eux, change de déguisement entre les chansons, et assure un show sans retenue qui pousse le délire très très loin… Soviet Suprem sonne comme une enivrante propagande à la fête, une hilarante menace sous laquelle la foule cède sans se faire prier : « ça ne danse pas assez, là-bas ! Bande de traitres ! Pire… Bande de socio-démocrates ! On avait prévu de mettre Cali au goulag ce soir, mais en fait, je pense que vous allez tous y passer… ».

« Soviet Suprem est né de la chaleur des clubs underground parisiens »

Quelques minutes après le concert, Toma Feterman, un des chanteurs du groupe, nous accueille dans sa loge, à grands coups de capuchons de vodka. Il en profite pour nous expliquer comment R.Wan, chanteur de Java, et lui-même, issu de La Caravane Passe, ont donné naissance à ce groupe atypique : « Avec R.Wan, on se connaît depuis un moment, on est ami. J’avais déjà fait un featuring sur un disque de Java, et lui était venu chanter avec nous sur un morceau de La Caravane Passe, Zinzin Moretto. On avait aussi fait des tournées ensemble, en Italie notamment, avec son projet Radio Cortex. Et à côté de ça, moi, j’animais en MC des soirées tziganes, balkans, à Paris, avec DJ Tagada. Je faisais des prods un peu plus électro, hip-hop… R.Wan nous a alors rejoint comme guest pour une de ces belles nuits. Le lendemain, il m’a laissé trente messages, en me disant que c’était mortel et qu’il fallait absolument qu’on fasse ce projet de duo. Donc, voilà, Soviet Suprem, c’est né de la chaleur des clubs underground parisiens ! » Et on retrouve bien l’essence de ces deux groupes d’origines dans le set de Soviet Suprem, qui n’hésite pas à inclure des reprises revisitées, ou plutôt des réappropriations, de tubes tels que Sexe, accordéon et alcool de Java (ici Sexe, accordéon et vodka) ou Zinzin Moretto, de La Caravane Passe.

 « Le Soviet Suprême, c’était la réunion des p’tits chefs, ça nous allait bien ! »

20_Soviet Suprem_Sacha_4Le Soviet Suprem, c’est avant tout une véritable caricature de l’URSS et du communisme, un background complet, un univers exacerbé : « On avait l’habitude de faire des trucs avec des concepts globaux, que ce soit dans Java ou dans La Caravane Passe. On s’est alors demandé ce qu’on allait raconter avec ce nouveau projet, pour que ça ne soit pas que de la musique. C’est alors qu’on s’est rendu compte que le point commun entre toutes les musiques que j’emprunte quand je compose, c’est d’être originaires de pays qui ont été sous la tutelle de l’URSS, à l’époque de l’Empire Soviétique. Puis faire quelque chose d’un peu fascisant, on trouvait ça drôle, ça nous allait bien ! Le Soviet Suprême, à la base, c’était le parlement de l’URSS, la réunion des p’tits chefs. Mais le problème, c’est que parfois l’uniforme, ça monte un peu à la tête… »

Une caricature de l’imagerie communiste donc, mais dont l’objectif n’est en aucun cas de tourner en dérision son idéologie, avec laquelle R.Wan et Toma reconnaissent entretenir une relation particulière. Toma, dont les grands-parents étaient originaires de Pologne et de Roumanie, est d’ailleurs issu d’une famille résolument communiste. Mais ici, il ne s’agit que de récupérer des codes, pour conférer une esthétique, pour donner du corps à un délire monté de toutes pièces : « On ne cherche pas à faire des textes engagés ou des discours moralisateurs, ce n’est vraiment pas l’idée. C’est juste une grosse figure de style, en fait ! Un peu comme le Wu-Tang, ce groupe de noirs américains qui ont décidé de prendre les Shaolins chinois et le kung-fu comme background, pour exprimer leur délire de hip-hop. »

Soviet Suprem sortira prochainement une réédition de son album, contenant cinq titres bonus, dont la version soviétique de Sexe, accordéon et alcool. « C’est une bonne joke! Tous les fans de Java vont pouvoir retrouver ça, avec le côté ‘soviet’ en plus. Ils vont kiffer je pense! »

On kiffe déjà, camarade !

Soviet Suprem sera de retour en Belgique le 16 juillet au Dour Festival et le 19 août au Brussels Summer Festival. Conseil d’ami : ne manquez ça pour rien au monde !

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