Michel Sardou chantait la femme des années 80, moins Colombine qu’Arlequin, ayant réussi sur la gamme qui va du grand sourire aux larmes avec une arrogance qui le caractérise. Un message d’amour à celle dont il ne pouvait se passer disait-il à l ‘époque. Mwouais…
Les temps ont évolué, les rôles ont changé, les femmes ont avancé. Un peu, beaucoup. A petits petons ou à pas de géant selon les domaines.
En 2015, « Les femmes n’occupent, dans les entreprises, qu’un tiers des fonctions dirigeantes, mais deux tiers des emplois de bureau, de secrétariat, de vente (…). Dans la moitié des comités de direction du Bel 20, on ne trouve aucune femme. (…). Une seule femme est rectrice d’université en Belgique » lisait-on dans Le Soir ce 7 mars.
En 2015, des femmes ne peuvent conduire, ne peuvent accéder au travail, ne peuvent marcher en rue, ne peuvent voter, ne peuvent aller à l’école, ne peuvent disposer de leur corps.
En 2015, le viol reste une arme de guerre, l’excision reste de mise dans de nombreuses cultures.
En 2015, pour la journée des Droits de la femme, en Belgique, on a organisé un apéro national et distribué des roses. On est trop fort, je vous le dis. Plus ce serait trop, promis.
De quoi pleurer. Mais en 2015, en Belgique, la musique relève un peu le niveau. La bonne nouvelle est une surprise. Elle vient du milieu Hip Hop. D’une chanson fraîche et légère, qui ne paie pas de mine et qui pourtant en dit beaucoup. Un tube en puissance. Le genre de chanson qui rentre par l’oreille droite et reste coincée dans votre tête des heures durant.
Avec « Les femmes sont là » Akro et Marie Warnant offrent l ‘hymne idéal pour ce 8 mars.
Et la sauce prend. Plus de 20.000 vues sur Youtube en quelques jours, une entrée sur Pure FM, une demande de promo impressionnante de la part des média.
Akro et Marie avouent qu’ils sont heureux bien évidemment même s’ils ne s’y attendaient pas vraiment. Bien sûr, ils avaient conscience que la sortie du morceau à l‘approche de ce 8 mars était une belle carte à jouer. Un moment idéal pour servir la cause et le morceau. Mais, ils ne voulaient pas en faire un coup marketing. La cause sert le morceau certes mais c’est surtout la chanson qui doit servir la cause.
Akro, membre du mythique Starflam, et Marie Warnant, égérie pop, se rencontrent lors d’une fête de famille. Il aime son premier album, le lui dit, lui propose de travailler un jour ensemble, Elle aime l’idée de sortir de sa gamme. Quelques temps plus tard, Akro, en pleine préparation de son album « Quadrifolies »(sortie imminente), pense à Marie pour un duo décalé sur « Les Femmes sont là ».
Reprenant « Thai Na Na » de Kazero en intro, ce morceau fait la part belle au texte engagé et au décalage des idées reçues. Première pour Akro qui sort de ses sentiers battus pour s’initier à une mélodie plus rock et plus pop teintée de moments rap. Il dit s’être amusé de ce nouveau défi, tout comme Marie d’ailleurs qui se lance pour un moment de rap délicieux.
Il suffit de regarder le clip, jolies filles portant des vestes militaires tagguées de messages « Les femmes sont là », « Les mamans sont des soldats » une grosse Mercedes blanche. Des nanas et de voitures. En somme, quelques uns des codes bien connus de l’univers hip hop. Sauf que cette fois, comme Akro l’explique très bien, on a pris les codes et on les a mis au service du morceau. Le milieu a, selon lui, cette étiquette machiste dont il devrait s’affranchir. Si le morceau peut aller dans ce sens, c’est positif.
Est-ce un titre engagé et féministe ? A cette question, Marie Warnant apporte une très jolie réponse. C’est un morceau qui parle des femmes, une espèce d’ode mais c’est aussi et surtout une chanson humaniste. On est tous concernés. C’est plus qu’une question de sexe ou de salaire. L’enjeu de la situation des femmes est bien plus large aujourd’hui. La privation de droits fondamentaux est insupportable, que cela concerne les femmes ou d’autres.
On nous annonce une journée des Droits de la femme ensoleillée. Le temps idéal pour se balader, se poser sur une terrasse et pour prendre le temps d’écouter ce très beau titre.
Les droits de la femme, c’est sérieux mais ça ne doit pas pour autant être ennuyeux.
Vous reprendrez bien une dose de pop entêtante ? C’est pour la bonne cause.
