Lynda Lemay est un OVNI dans le paysage des chanteuses/chanteurs québécois ayant percé en Europe. Loin de l’image de chanteuse à voix, brushing impeccable et refrains populaires, Lynda Lemay a su imposer un style sans pareil depuis presque un quart de siècle.
Des textes forts, construits comme des nouvelles, racontant des histoires comme dans un court-métrage de 4 minutes, une musique construite, surprenante, extrêmement arrangée, voilà la (les ) marque(s) de fabrique de celle qui a su se construire un univers original qui rassemble un public fidèle.

Lynda Lemay était de passage à Bruxelles dans un Cirque Royal bondé où les fans de toujours s’étaient pressés. Assister à un concert de cette artiste, c’est revenir en famille, retrouver d’autres spectateurs qui vibrent aux mêmes valeurs et qui sont sensibles aux mêmes émotions. Elle n’a pas déçu. Sa tournée “Feutres et Pastels” est un trésor, un tableau impressionniste où chaque mots et chaque note se veut une couleur, une teinte distillées comme autant de touches qui font apparaître un soleil levant auprès duquel on aime se réveiller et se réchauffer.

L’émotion est, en effet, le maître-mot de cette grande fille de bientôt 50 ans au regard bleu et pétillant, aux jambes interminables et au sourire malicieux. Débutant son set avec « Quand j’étais petit gars », Lynda Lemay sait comment cueillir son public. Au premier couplet, les premières perles lacrymales sont déjà au bord de nombreux cils. Très vite, avec des enchaînements tantôt drôles, tantôt touchants, elle balade le public dans son répertoire, passant de titres anciens aux morceaux de son dernier album avec une aisance et une fluidité sans pareille, sans doute dues à la cohérence et à l’intelligence de son répertoire.

Dans un décor inspiré de son album « Feutres et Pastels », piano intégré dans un pupitre d’école, tableau reprenant un texte en calligraphie, lumières magnifiques, Lynda Lemay déploie la gamme complète des sensations. On rit aux éclats, on pleure, on sourit, on ressent, on se nourrit de ses mots et de ses notes qui font appel à l’essentiel, au vécu et à l’universel.

Au milieu de son tour de chant, Lynda Lemay, très proche de son public comme à son habitude, invitera une spectatrice à la rejoindre sur scène pour partager « Le plus fort c’est mon père ». Très joli moment de simplicité et de complicité. La complicité avec son public est une des forces de la québécoise. Elle s’adresse aux spectateurs comme à des amis, à des frères, à des membres de sa famille. C’est d’ailleurs au cœur même de la salle emportée qu’elle terminera son concert, avec pour chorale les voix à l’unisson de ceux qui ne se lassent pas depuis près de 25 ans d’écouter ses histoires et anecdotes.
Après un rappel, c’est sous les applaudissements nourris et sincères que Lynda Lemay quitte la scène du Cirque Royal, laissant comme toujours son empreinte sur nos âmes. Cette femme est épatante, elle sait comme personne parler à nos cœurs et à nos têtes, nous faire vibrer et nous faire sentir vivants.

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