Je ne dirai jamais tout le bien que je pense de ces artistes qui savent se réinventer sans besoin de reprendre des dizaines de chansons d’autres pour se faire valoir. Daan est inexorablement de ceux-là. Bien sûr, hier soir, nous ne bénéficions plus de l’effet de surprise qui nous saisit lors de la parution de son best of amélioré Simple, entièrement joué en trio classique et acoustique avec Jean-François Assy et Isolde Lasoen, tous deux compagnons de longue route de Daan, ici au piano (longue queue s’il vous plaît!) et aux guitares.
Et c’est avec une relative impatience que nous attendions cette renaissance du trio de Simple, en seconde version et dans le cadre de la mini-tournée Total qui propose un assortiment de 3 concert-concept (le premier, Daan en solo, a été chroniqué ici-même). Surtout qu’en flamand comme en français, une ferveur des grands jours régnait dans le fameux studio 4 de Flagey. Une ferveur qui ne pouvait que redoubler dès l’apparition du chanteur belge, de pourpre vêtu et assorti de la cravate des grandes occasions (dont il se débarrassera bien vite d’ailleurs provoquant l’extase de la gente féminine qui en voulaient plus). Sur son 31… comme toujours et plus habité que jamais, et pas par ses démons d’autrefois, bien loin.
Et entre fermer les yeux et se laisser porter (à vitesse d’archet sur le violoncelle de Jean-François Assy), et les ouvrir en ne sachant où regarder entre le charisme de Daan, l’efficacité de Jean-François Assy et une Isolde équilibriste, devant parfois jouer de 3 instruments (xylophone, trompette, batterie ou du magnifique carillon tubulaire). Signe que les trois, pour cette soirée de prestige, n’avaient pas du chômer durant les répétitions. Et nous n’avons pas encore parlé de la setlist donnant matière à cet exercice de style. Et là encore, Daan s’est fait plaisir et nous a fait plaisir avec des choix évitant la simplicité. Bien sûr, les plus grands succès étaient au rendez-vous (une impressionnante version d’Addicted, une version jazzy-swing de The Player, Housewife, Victory ou La Crise). Mais, s’y mêlaient des chansons exhumées du passé (Fuel, Ashtray, Appetite en ouverture) puisque comme le dit Daan: “On n’est jamais trop vieux pour jouer ses propres morceaux… ni celles des autres“. Et des covers personnalisées, le concert n’en manquait pas non plus (Marie-Jeanne de Joe Dassin, forcément, A man needs a maid de Neil Young. Et malgré les toussotements entre les chansons, bien couverts par des applaudissements intensément longs et admiratifs, la voix de Daan n’a jamais été aussi spectaculaire, aussi juste, aussi émotionnelle, aussi lyrique. Aussi, c’est avec plaisir que le public a pu voir de près l’enfant terrible du rock belge sortir de scène à deux reprises pour faire participer ce public d’amis plus que de simples auditeurs, de longue date.
Et après deux rappels, plus dignes d’un stade en pleine implosion que d’une salle de concert. Deux constats s’imposaient: de un, cette formation trio magnifie sans aucun doute n’importe quelle chanson et est celle qui fournit le plus d’émotion. Et le deuxième constat en découlait: même les hommes en étaient tombés amoureux de ce personnage charismatique, accompli et parmi les plus talentueux de ce plat pays. Et moi, j’étais tellement ailleurs, emporté, durant cette heure quarante de concert, que j’en ai cherché ma voiture pendant 30 minutes dans les rues d’Ixelles. Un tour de force qui s’est heureusement, plus tard, transformé en tour de clé! Ouf!