Annoncés sur les réseaux sociaux comme l’un des concerts événements du groupe (avec celui de la veille à Paris), le ton est donné. Un pied dans la salle et on peut déjà entendre les chants du Carnaval de Dunkerque qui résonnent dans tout le Zénith… Cette soirée du samedi 11 Octobre promet d’être 100% made in Lille ! Cela se confirme avec l’arrivée du groupe local We Are Enfant Terrible, le public est déjà très réceptif et s’échauffe gentillement sur leurs mélodies électro-rock.
Il est un peu plus de 21 heures quand Skip The Use apparait enfin sur scène derrière un rideau blanc avec un impressionnant jeu de lumières qui multiplie leurs silhouettes au rythme de « 30 years ». Pour ce concert à la maison, l’entièreté du groupe n’a pas hésité à sortir le costard-cravate. Vu la chaleur humaine déjà très présente, on a très vite compris que la veste n’allait pas tarder à tomber.
« Nameless », avec ces sonorités reggae beaucoup plus marquées en live que sur l’album studio, s’enchaine directement. Le public des gradins est déjà debout et prêt à faire la fête toute la soirée. Cela tombe bien car Mat, le leader énergique du groupe, aime s’amuser avec son public. Pour reprendre ses mots « On va foutre le bordel ! » « Y’en a parmi vous qui n’en sortiront pas vivants ! » Tout le public se prête au jeu, jusqu’en haut des gradins pour aller de gauche à droite et de droite à gauche, jusqu’à ce cher M. Bastard décide de transformer cela en une partie géante de « 1,2,3 soleil ».
La fin du morceau « Wrong man » marque l’arrivée surprise sur scène de plusieurs musiciens munis d’instruments à vent. On peut notamment reconnaitre Tibal, un des membres du groupe Marcel Et Son Orchestre. Les Lillois prolongent le plaisir avec « Little Armageddon » au son des saxophone et trompette, cela restera un moment surréaliste et magique de cette soirée.
«Est-ce que vous être un public funky ? » Boule à facettes, lumières hypnotiques, le Zénith a définitivement des allures de boite de nuit. La diversité musicale du dernier album du groupe est étonnante, tout le monde y trouve son compte dans ce joyeux bordel.
L’émotion s’installe petit à petit avec le dernier single en date « The Story Of Gods & Men » où le messie de la soirée invite la foule à se prendre dans les bras. Après les câlins, « The Taste » se termine par l’envahissement d’une chorale d’enfants et s’en suit logiquement le tube « Ghost » qui a révélé le groupe au grand public en 2012. Un brin moralisateur, le chanteur reste seul sur scène pour interpréter « Être Heureux », seul titre du groupe en français où il n’hésite pas à sortir sa haine face à la société actuelle de manière très touchante.
Juste le temps de se remettre de nos émotions que le premier rappel est déjà là. Armé d’un medley bien ficelé de leurs chansons «les plus dégueulasses », la foule est de nouveau en délire. Medley où le groupe a ironiquement intercalé un petit « Basket Case » de Green Day ainsi que « Porcherie » des Berurier Noir.
Mat en leader charismatique ne peut s’empêcher de présenter de façon humoristique l’ensemble des musiciens et de l’équipe qui l’accompagne sur la route. «On nous a dit de ne pas faire les cons cette fois parce que c’est filmé, tout çà, mais on s’en fout on le fait quand même !». On ne peut qu’admettre que Skip The Use est une famille de grand malade et qu’on mourait d’envie d’en faire partie.
Après plus de 2 heures, on finit le concert « comme des connards » avec la chanson phare du groupe. « N’oubliez jamais, Skip The Use ! » hurle-t-il avant de quitter la scène, cette fois pour de bon. Les lumières se rallument, les chants du Carnaval retentissent à nouveau et, à notre grande surprise, la fosse se transforme en chenille géante naturellement. C’est un fait, on ne risque pas d’oublier cette soirée Lilloise de si tôt!
Aurore Pirard