Une foule compacte et nerveuse remplit la fosse de l’AB pour ce deuxième jour de concert de Détroit à Bruxelles. Si tous les âges se côtoient, toutes les espérances semblent les mêmes: ovationner Bertrand Cantat, incarnation de feu Noir Désir et porteur de toutes les attentes d’un public d’office acquis à Détroit, mais surtout nostalgique de la période Noir Dés’…
Si, d’emblée, les Français attaquent en puissance, avec des versions plus dures, plus rock de l’album de Détroit, la set list mélange avec bonheur et à part égale les morceaux “made by Détroit” avec les titres phares de Noir Désir. Le choix est fait d’une interprétation musclée, pour le plus grand bonheur de la foule qui n’a d’yeux que pour Cantat.
Puissance, générosité, communion et fusion avec cette salle qui sautille, suspendue aux lèvres du chanteur. Chaque titre de Noir Dés’ est repris, chanté, hurlé, perpétué en long écho, amenant même le décibel-mètre de l’AB à afficher 102,6 dB durant l’interprétation sans faille de “Tostaky”. Qui de ce public bouillonnant ou d’un Détroit en pleine forme joue le plus fort ?
On regrettera parfois un mixage écornant la clarté des paroles de Cantat dans des titres où le texte s’avère plus travaillé. Fascinant et charismatique, le démiurge chanteur laisse transparaître des accents qui rappellent le grand Brel, ou encore un Brassens… Les textes, de qualité similaire, et certaines attitudes évoquent de suite ces grands hommes.
On regrettera aussi l’oubli de la présentation des musiciens, lesquels auraient mérité leur lot d’acclamation pour leur interprétation sans faute, véritable écrin pour les textes engagés de Bertrand Cantat.
Plus amusant: j’ai aussi surpris, en quittant les couloirs de l’AB, quelques regrets de la non-interprétation des “Sombres Héros de l’Amer”… En 2 heures de show, Détroit ne pouvait pas reprendre l’intégrale de Noir Désir, c’est certain…
C’est donc à un concert vibrant, puissant et magistral qu’il nous fut donné d’assister ce mercredi. Servi par groupe soudé, compact, unis, volontiers enclin à des tapes sur l’épaule ou à user de traits d’humour, comme le “guitar-tech” de Cantat apparaissant soudain avec un masque de catcheur… Le public ne s’y est pas trompé, remerciant Bertrand entre les morceaux et refusant de quitter la salle en entonnant longuement le final de “Comme elle vient…”.
Un beau moment, intense, de pur bonheur rock !
Photos : Jonathan Boucquey