J’avoue, j’avais aimé le disque même si je me disais qu’il était plutôt réservé aux spécialistes et amateurs de guitare acoustique. Je vous en avais parlé d’ailleurs ici-même.
J’avoue, j’avais une légère appréhension avant de franchir les portes de la Rotonde du Botanique la semaine dernière. Comment allais-je tenir un mardi soir plus d’une heure et demie à écouter l’intégrale de l’album Abbey Road en acoustique sans piquer du nez bercée par la mélodie, moi qui à la base suis plus Mick Jagger que Ringo Star ?
C’était sans compter sur la personnalité d’Antoine Goudeseune qui d’emblée a donné le ton. Son concert n’était pas une simple copie de son album, il ne comptait pas juste s’installer sur son tabouret haut et gratter.
Dès les premières secondes, on sent la recherche et la volonté de proposer une version originale de cet album mythique.
Le concert débute, toile de fond de scène imprimée du fameux passage pour piétons, couverture de son album comme de l’original des Beatles, Antoine Goudeseune debout, sans un geste et des sons d’archives qui livrent des bribes d’interviews des Beatles. Le silence dans la salle est impressionnant. Et puis Antoine se met en mouvement, se détache du décor pour n’y laisser que son ombre et s’installer.
L’album sera joué de manière remarquable, très précise et avec une belle émotion dégagée.
On pouvait sentir le respect du guitariste pour cette musique et sa volonté d’emmener cette musique vers d’autres horizons.
On sait qu’Antoine Goudeseune est un excellent guitariste, qu’il est capable de prouesses avec une gratte entre les mains. Personnellement, je le connaissais moins rieur. Il n’hésite pas à ponctuer les passages de titres de petites vannes, de réflexions mais aussi d’explications sur ce qui va suivre. La salle est réceptive, on sent que les spectateurs ne sont pas là par hasard. Ils sont venus (parfois de loin) pour soutenir le projet et voir son ampleur en live.
Entre les moments solos très intimes et touchants, Antoine avait pris la peine d’inviter quelques camarades à le rejoindre sur scène. Très belle prestation avec Loris Tils à la contrebasse sur “Michèle” qu’il dédie à sa maman non sans une pointe d’humour tendre.
Antoine Goudeseune ne chante pas mais il avait convié deux très belles voix de son entourage. Nicolas Dieu (Mister Cover,Stockholm) sur « Yesterday » et Julie Compagnon (Ex-The Voice, Hopes) sur « Julia ». Deux moments très touchants et qui ont permis de casser un peu le rythme relativement lent imposé par l’exercice. On a découvert à quel point celui qui est le pro de la salsa du démon avec son célèbre groupe de cover peut être aussi une voix claire et emplie d’émotion.
La participation de Martin Méreau de la Chiva Gantiva au vibraphone sur le titre « Because » fut un moment de délicatesse et de complicité entre les deux musiciens.
Antoine Goudeseune a joué la face A dans son intégralité, a présenté la face B, a puisé dans le répertoire des Beatles pour un Medley, bref le hennuyer a porté haut la musique des 4 de Liverpool.
Il terminera avec un « Hey Jude » réunissant ses acolytes de la soirée plus Nicolas Scamardi (Jane Doe & the black bourgeoises, Melchior, Von Durden) à la batterie. Antoine terminera, à la demande du public, assis sur le rebord de la scène, seul avec sa guitare. Un moment de sérénité durant lequel on voyait le bonheur dans les yeux de ce grand gaillard.
Si l’on devait résumer la prestation d’Antoine Goudeseune au Botanique, on aurait peine à choisir les qualificatifs tant il mériterait les compliments. Techniquement irréprochable, humainement adorable, sachant s’entourer des meilleurs (de son luthier qui s’occupe de ses nombreuses guitares avec lesquelles il a navigué sur la scène de la Rotonde à son ami dessinateur qui s’est occupé de son visuel), le guitariste a livré un très bon moment musical.
Il sera à Mons à l’occasion du Beatles day le 11 octobre prochain. Courrez-y, vous ne le regretterez pas.
