Éliminée lors des premiers lives, Manon Hardy n’a pas pour autant arrêté de chanter et de faire de la musique. Depuis longtemps déjà, et alors qu’elle n’a que 25 ans, la Namuroise roule sa bosse. Et si il y a eu des moments de doutes, la musique l’a toujours ramenée aux sources de sa passion. Aujourd’hui, elle sort un premier EP À contre-sens de 5 titres (c’est la première de la promotion 2014 de The Voice a proposé un cd) et prépare son concert de présentation du 4 octobre au Cinex à Namur. Une artiste, auteure-compositrice-interprète, sincère et naturelle, sur scène comme… à l’interview!
Manon, médiatiquement, on t’avait laissée le premier avril sur ton élimination à The Voice, quoi de neuf depuis ?
Grâce à l’émission un guitariste, Jérôme Hohlweg m’a contactée, il était séduit par mes lives. Il m’a proposé une collaboration et comme j’avais des chansons écrites pour lesquelles je n’avais jamais trouvé de musiciens avec qui essayer de les approfondir, on a testé et ça s’est super bien passé. Le cd sort le 4 octobre.
Comment s’est passée la production d’ailleurs ?
Ca a été assez rapidement, j’ai été assez chanceuse, j’ai bénéficié d’une bourse de la Fondation Chimay Wartoise, je suis originaire de Chimay et mon papa y habite toujours, j’y passe pas mal de temps. Par contacts, on a trouvé un studio où ils travaillaient bien, le Mistin Music Production et on y est arrivé avec des chansons presque prêtes, déjà bien travaillées avec mon guitariste. On a fait les arrangements sur place avec Nicolas d’Avell. Le cd est pressé, prêt à être acheté. 1000 exemplaires.
Tu vois large, non ?
Oh oui mais ce n’est pas grave, il faut voir large, c’est mieux que de s’imaginer. De toute façon on verra bien ?
Un EP 5 titres, tu as du en faire un choix ?
J’avais un bon stock de chansons avant The Voice mais beaucoup dont je n’étais pas satisfaite. J’en avais 20 ou 30. C’est une choix de goût, pas toujours très objectif, fait avec mon guitariste. Finalement on est plutôt content. On a pris les chansons les plus efficaces, les plus abouties.
Et celles qui n’ont pas été élues alors ?
Le reste, je ne pense pas les chanter un jour. S’il y a un album, je ne reprendrai pas celles déjà écrites, je n’ai pas envie que ce soit du réchauffé, ne fût-ce que pour nous.
Quelle couleur voulais-tu donner à cet EP ?
Quand j’écris, c’est ce qui sort de moi à cet instant donné, je n’essaie pas de donner de couleur précise. C’est ce qui doit sortir. Pour les arrangements, on a travaillé avec quelqu’un. C’est une collaboration dans laquelle chacun a amené ce qu’il imaginait. Je suis contente du résultat. Certains trouvaient qu’il n’y avait pas de réelle cohérence entre les titres, que je m’éparpillais. Ce n’est pas grave, un EP, c’est la chance de prendre plusieurs directions, d’exploiter ses différents visages pour donner une vision d’ensemble de tout ce qu’on peut faire. On resserrera ça pour l’album.
Avec le thème de l’amour ?
Par rapport à la moyenne générale, ça va encore : 2 titres sur 5 ! Ca parle surtout de la vie en général, Jouons ça parle d’amour et de vie en même temps. Ca passe toujours dans mes thèmes de chansons, c’est assez important. Je suis auteure-compositrice, il y a juste quelques chansons dont on a changé certaines choses avec mon guitariste. Du coup, il est co-compositeur.
Pourquoi avoir changé de nom et devenir MAD’y ?
À la base, je n’aime pas mon nom, je n’ai rien contre mon papa, mais voilà. À the Voice, on était obligé de l’utiliser mais je trouve qu’il ne me correspond pas. Je voulais garder une partie de mon nom de famille donc j’ai fait une contraction et c’est devenu MAD’y. EN plus de dans, il y a Mad qui veut dire folie en Anglais, le concept me plaisait.
Depuis combien de temps vis-tu à Namur ?
En fait quand j’étais petite j’ai beaucoup déménagé, parce que ma maman aime aussi suivre ses envies. Je suis venue à Namur pendant un an, à 12 ans, puis je suis allée à Liège, je suis repartie. J’ai passé 3 ans à Paris et je suis revenue à Namur, il y a 3 ans, à 21 ans, pour faire mes études de sage-femme.
Namur t’inspire ?
C’est vrai que c’est à partir du moment où je suis revenue à Namur, que j’ai recommencé à écrire, alors qu’avant je faisait plus chanter qu’écrire. Je ne sais pas pourquoi ça m’est revenu soudainement, ici. En plus, c’était au moment où je revenais de Paris et tout ça. Où je voulais arrêter la musique et faire des études, et ça m’a reprise subitement. C’est arrivé, pourquoi à ce moment-là ? Je ne sais pas.
Et cette vie à Paris, enrichissante ?
Oui, je suis partie à 17 ans, sans même faire ma rhéto, sans finir mes études. J’avais l’impression que c’était urgent, qu’il fallait que j’y aille. Je suis allée dans une école de musique d’abord, pour apprendre à chanter avec des musiciens, ce que je n’avais jamais vraiment fait avant. J’ai appris à comprendre le langage des musiciens… pas toujours compréhensible.
Puis j’ai été à l’école de chant de Richard Cross, qui donnait des cours de chant à la Star Academy. J’étais encore plus dans mon élément, c’était un peu comme une école de Comédie Musicale, il y avait du sport, du théâtre, de la danse, du chant, il y avait de tout. C’est à ce moment-là que j’ai appris à me connaître et que je me suis épanouie. Tout en me posant beaucoup de questions, avec l’émergence de doutes concernant ce que je voulais faire, ce n’est pas facile tous les jours. J’étais un peu perdue par rapport à mon but dans tout ça et je suis revenue à Namur pour reprendre des études. Et puis, j’ai encore changé d’avis !
Des études qui en sont où, maintenant ?
Elles sont arrêtées depuis The Voice, plus ou moins. Je me suis rendue compte que je ne me sentais pas à ma place. En plus, le monde médical, c’est un peu l’inverse du monde artistique, c’est très carré, avec beaucoup de règles à ne pas enfreindre. Moi qui suis fort distraite en plus, ce n’est peut-être pas le meilleur milieu pour moi, je ne voudrais pas gaffer.
Ta vie est donc désormais totalement centrée sur la musique ?
Oui, il n’y a plus que ça ! En plus, comme j’organise le concert du 4 octobre depuis un mois ou deux, il n’y a plus que ça dans ma tête et je ne pense plus qu’à ça. C’est difficile de gagner sa vie de la musique, mais pour le moment, j’ai des conditions favorables, je vis chez ma maman, pas de loyer à payer, c’est un avantage. Puis je fais quelques concerts, ça me permet d’arrondir mes fins de mois. Avec mon guitariste sous mon nom, et aussi avec Sunset Boulevard, depuis un petit moment, le groupe de reprise de Jean-Jacques Goldman qui a 20 ans d’expérience.
Goldman ?
J’aime bien mais pas forcément à chanter, puis je me suis lancée, on s’amuse beaucoup sur scène.
Il y a une différence entre les chansons de The Voice et celle que tu as composées ?
Encore une fois, ce que j’écris, c’est ce qui vient. Mais c’est toujours les mêmes critères qui
reviennent : une mélodie qui me plaît, des paroles qui ont un sens, qui expriment quelques choses. C’est ans dou
te le point commun des chansons reprises à The Voice et de celle que je compose.
Mais, même pour les covers, les choix étaient difficiles. Il n’y a pas tant de chansons que ça qui me plaisent à chanter. Zazie, ça reste mon coup de cœur. Mais en plus il fallait faire quelque chose que les autres ne faisaient pas, se démarquer. J’ai essayé de trouver ce qui me différenciait. Maintenant, c’est plus complet .
Tu as encore des contacts avec les anciens de The Voice ?
Oh oui clairement. Rien que le 4 octobre, ce sera Boris qui fera ma première partie, on est tous deux de Namur et j’aime beaucoup ce qu’il fait avec son groupe Luna Nueva. Il y en aura peut-être d’autres qui monteront sur scène pour chanter avec moi.
Sinon, on a fait pas mal de concerts ensemble, caritatifs souvent. Et on se revoit de temps en temps. On a quand même établi des contacts assez forts. C’est une aventure exceptionnelle et nous revoir nous permet de la revivre un peu.
Tu avais déjà participé à d’autres concours avant ?
À Paris, j’avait fait beaucoup de casting : La nouvelles star, X Factor… La bataille des chorales sur TF1 en prime-time. Chacune des chorales était coaché par une artiste. Nous c’était Amel Bent. C’était chouette, on avait pu faire l’Olympia avec Amel Bent. C’était des opportunités, mais il n’y a jamais vraiment eu de concours où j’étais toute seule.
Une différence entre les émissions que tu as pu faire en France et The Voice en Belgique ?
Déjà c’était en Belgique, j’ai ressenti quelque chose de plus familial. Après, c’est la première émission dans laquelle j’allais aussi loin. Je n’avais jamais vécu quelque chose de pareil.
Et avec ta coach BJ ?
C’est une vraie maman, elle m’a « volée » après mon élimination par Natasha. Elle m’a dit de lui envoyer l’EP dès qu’il était fini, qu’elle me ferait de la pub. Elle est proche et s’implique beaucoup.
Quelles sont tes influences ?
J’adore Camille, je suis fan de son univers, Zazie, Lynda Lemay j’adore c’est super bien écrit ce qu’elle fait, elle fait passer beaucoup d’émotions en même temps.
Beaucoup de chansons anglaises, américaines aussi: Maroon 5, Bruno Mars, un peu de Pink ! C’est très bien ce qu’ils font. Après, tout est question de mélodie aussi.
Avec certains moments où on pense à Kyo, non ?
Oui sur Tout foutre en l’air, où mon guitariste fait les chœurs. Il a apporté cette touche, son style plus rock, on n’a pas calculé.
C’est marrant les références que tu cites, ce sont clairement des auteurs, et cet EP ce n’est pas chanter pour chanter, il y a un réel soin apporté à l’écriture.
Ca me fait plaisir que tu ressentes ça, pour moi les textes sont toujours importants, et j’ai envie de faire passer un message dedans. Si il passe tant mieux.
Dur d’écrire ?
Très dure même pour composer. Il y a des gens pour qui ça vient naturellement, mais moi il faut vraiment que je me force, comme un accouchement dans la douleur. Mais après je suis fière de moi, et je me sens plus légère d’avoir évacué ça. Ce n’est pas facile tous les jours.
C’est différent pour chaque chanson, soit j’écris la mélodie et puis le texte quelques jours après, je suis assez fainéante, à mon rythme. Parfois tout vient en même temps. Je ne sais pas comment, en fait, ça vient, c’est tout.
Qu’est-ce que tu attends de ton album ?
J’espère que ça va toucher des gens pour commencer à avoir un public qui me suit par rapport à ce que je fais et non à l’image que je véhicule depuis The Voice. J’ai envie qu’on me donne ma chance.
The voice ça vous propulse mais avec le besoin de casser son image après ?
Oui, je pense que ça va pour moi, je n’ai pas été hyper loin, les gens me connaissent un petit peu mais pas tant que ça dans ce que je fais, donc ça laisse la place pour que les gens apprennent à connaître mon imaginaire. Je n’ai pas envie de toute ma vie me vendre : « Oui j’ai fait The Voice… ».
C’est donc le temps des premières fois ?
Oui première fois que je vais sortir mes chansons, les jouer sur scène, les faire découvrir aux gens. Je n’en ai jamais faites en live. Le 4 octobre sera la première fois. Enfin certains de mon entourage proche les ont déjà écoutées, ils aimaient. Après, ce sont mes amis donc j’attends les regards et les oreilles extérieurs. Ce n’était pas très objectifs. Mais moi je suis assez fière de ce qu’on a fait et je le défendrai.
La suite ?
Après je vais essayer de trouver plein de concerts, aller à la rencontre du public d’ailleurs, me faire connaître. Et puis, ce sera sûrement un album. Mais ça dépendra de l’accueil aussi.
Que peut-on te souhaiter ?
Beaucoup de concerts, de gens qui s’intéressent à ce que je fais, beaucoup de musique.
Un premier EP riche et multidirectionnel
MAD’y présentera son EP le samedi 4 octobre, avec Boris Motte en première partie, dès 18h au Cinex de Namur (84, Rue Saint-Nicolas, 5000 NAMUR), Sur réservation : 5€ (au 0479/65.43.54), Sur place : 7€