Les Bruxellois de Balimurphy seront à l’affiche du festival anniversaire du Rideau Rouge en compagnie des liégeois de Dalton télégramme le vendredi 19 septembre. L’occasion pour Scènes belges de rencontrer deux des membres du groupe et d’aborder avec eux leur manière atypique de fonctionner et d’essayer de comprendre qui ils sont et où ils vont.
SB : Vous étiez présents sur quelques festivals cet été, le public vous attendait avec impatience. Quel est votre était d’esprit au moment de retrouver la scène ? Que nous préparez-vous?
Balimurphy : Évidemment, on attend le public avec impatience. On essaie de proposer quelque chose de différent, une belle scène avec un autre groupe qui vient jouer sur nos morceaux nous semblait une jolie idée. On s’est tourné vers les Dalton télégramme qui sont des amis. On aime partager avec eux. Cet été, on a vraiment développé un beau projet et pas uniquement quelques morceaux par-ci, par-là. Ajouter des cuivres, des percussions, c’est vraiment intéressant. On a redistribué les cartes. Avec des collaborations comme celle-ci, on doit revoir les rôles au sein du groupe et c’est le genre de chose qui nous permet d’avancer. On cherche sans cesse à s’ouvrir, on est un groupe à géométrie variable. On a notre identité mais on aime avancer au travers des ouvertures. On l’a fait dernièrement avec un artiste rencontré au Bénin.
On a toujours envie de faire la fête, de déplacer de l’énergie. Début d‘année, on a fait une série de concerts plus intimes, des morceaux plus parlés et accompagnés de vidéos. Ensuite, on a décidé de se poser un peu et de réfléchir à notre projet.
Là on a eu quelques dates cet été, on a aimé cette expérience.
On réfléchit aussi beaucoup à notre prochain album sur lequel on commence doucement à travailler mais c’est un processus qui prend du temps. Définir ce qu’on veut, ce que nous souhaitons exprimer n’est pas aisé. Il faut se remettre en question pour ne pas s’ennuyer. On a envie d’être dans la prise de risque. On a besoin de temps et on refuse de subir des impératifs de calendrier. On ne veut pas faire du bavardage, on veut réellement construire et ça prend pas mal de temps et d’énergie.
SB : Vous êtes identifiés comme un groupe libre et engagé de par votre manière de fonctionner. Vous sentez-vous impliqués aujourd’hui dans les discussions qui ont lieu autour du statut d’artiste ?
Balimurphy : On est clairement engagés c’est vrai. Mais on est quand même dans le système et on peut dénoncer certaines choses. Notre chance est que l’on débat beaucoup entre nous, par exemple sur la notion du statut d’artiste. Aujourd’hui à moins d’être un énorme nom, c’est très difficile de vivre en tant qu’artiste et pas que financièrement parlant. Symboliquement aussi. N’oublions pas que l’on est vu comme des chômeurs mais notre rôle c’est aussi de lever le nez et de réfléchir à comment faire autrement. On joue de festivals devant des milliers de personnes, le travail antérieur, les répétitions, tout cela n’est pas reconnu. On est dans un système schizophrène. On pense qu’on doit néanmoins continuer à créer et ne pas se plaindre. Agir et créer c’est une forme de résistance. On écrit pour décrire le monde et le faire avancer.
SB : On vous compare assez régulièrement aux Ogres de Barback.
Comment vous situez –vous par rapport à ce type de groupe qui fonctionne en vase clos et en autonomie ?
Balimurphy : Ce groupe a été une référence pour nous pendant des années. On fonctionne, en effet, un peu comme eux au travers de notre ASBL qui peut être apparentée à coopérative. On pense que l’on peut fonctionner comme ça si on est intègre et si on arrive à bien s’entendre entre nous. L’honnêteté artistique et personnelle paie. On en est convaincu. C’est parfois difficile de fonctionner de manière autonome mais on fait ce qu’on aime et c’est ça qui est intéressant. On essaie aussi de s’aérer en participant à d’autres projets que ce soit dans d’autres groupes musicaux ou dans des projets théâtraux par exemple. On s’enrichit comme ça et on se nourrit de ces nouveaux apports pour la création au sein de Balymurphy. On est très friands de collaborations. Ce sont les rencontres qui nous construisent et nous font vibrer.
Ce qui s’est passé avec Kris Dane pour le dernier disque relève de ça, de la rencontre personnelle qui débouche sur une collaboration professionnelle. Il a aimé notre mode de fonctionnement coopératif alors que lui est très solitaire dans sa manière de travailler et nous avons aimé son approche très sobre. Cette collaboration a très bien fonctionné, on est parti ensemble dans l’aventure africaine. On a vraiment construit une relation de confiance.
SB : Comment est arrivée cette aventure béninoise ?
Balimurphy : Au travers d’une autre activité artistique, on a rencontré l’organisatrice du festival de jazz de Cotonou. On a discuté musique, de notre groupe, de nos envies, de ce que l’on pouvait proposer et on a été invités sur place. On a profité de ce voyage pour développer les rencontres et au final on a accueilli un percussionniste béninois sur notre projet. Il a apporté énormément dans le réarrangement de nos morceaux. On recherche toujours le plaisir, c’est vraiment notre leitmotiv.
Infos et réservation : le Rideau Rouge