Quitter Esperanzah pour suivre le Ronquières Festival, c’est un peu comme passer d’un joyeux monde de oufs, utopistes, alter-mondialistes, doux rêvasseurs et agitateurs de consciences, créateurs de mondes meilleurs à … un beau week-end à la plage ! Bienvenue dans le monde “normal” des gens “normaux”, habillés comme vous et moi (enfin, je le suppose) et se comportant selon des normes classiques ! “Back to reality, son…”
Le jeune Festival de Ronquières a réussi cette année à afficher “sold-out” sur les deux jours du festival, avec une belle affiche indie-pop-rock majoritairement anglophone, en produisant des groupes largement consensuels pour un public familial, et avec un beau succès d’organisation. Chapeau ! Il y manque, peut-être, juste ce côté décalé, un rien déjanté, thématique, qui fait le charme d’Esperanzah ou du LaSemo…
Pour qui se bat Ronquières ? Pour les familles, assurément. Et ce n’est pas plus mal non plus. La très belle affiche de cette année a parfaitement rempli sa mission.
Nul doute qu’un tel succès après trois ans d’existence, et dans un été belge où les amateurs de musique ne savent plus vers où tendre l’oreille tant notre petit pays peut s’enorgueillir d’être devenu une riche terre de festivals divers, amènera sans doute les organisateurs à réfléchir à un troisième jour l’an prochain ou pour le cinquième anniversaire…
Si nous n’avons pas chroniqué les concerts de Robbing millions, Julien Doré, Woodkid, David Lemaître, Suarez, ou encore James Blunt, il faut malgré tout bien insister sur le véritable succès public rencontré par ces différentes formations. Foule en délire pour Suarez et Puggy, mention spéciale “dance” pour Ben l’Oncle Soul, professionalisme de Julien Doré, Woodkid ou James Blunt, surprise et insolite avec David Lemaître (je vois bien son “orgue à bouteilles” au LaSemo…), pop-rock puissante façon “générique de série tv américaine” pour Ron Pope… Le programmation fut variée, mais cohérente !
Autre mention spéciale pour l’accent porté sur les formations du nord du pays (Admiral Freebee, School is cool, Intergalactic Lovers ou le géant Hooverphonic), ou sur la volonté d’inscrire chaque jour des vedettes internationales (Dandy Warhols, James Blunt, …). Le Ronquières Festival a su prendre ses marques et imposer sa place au sein des “grands”.
Petit bémol peut-être pour le parking: point faible des lieux. S’il est possible de se garer à deux pas des portes pour les premiers venus (dont j’étais), la file de voitures s’étend sur des kilomètres des deux côtés de la route. Je plains ces festivaliers-là qui me rappellent les jours maudits de Werchter, à une époque où l’on était assuré de devoir faire plusieurs kilomètres à pieds aller-retour. Autre petit conseil aux organisateurs: quelques marches de bois sur ce petit talus soudainement “total freestyle” dès qu’il pleut Côté Babord…
Le soleil fut largement de la partie, malgré le fort coup de vent qui s’est abattu sur le site vers 15 heures ce dimanche, malmenant la Scène Tribord et obligeant l’organisation à faire reculer un public docile, laissant la place nette à vingt photographes amusés de se retrouver seuls sur un terrain vide, avec le net sentiment de devenir d’un coup les futurs trophées d’une “chasse aux oeufs” surréaliste.
Rendez-vous est pris pour l’année prochaine, sans nul doute.