Lumières bleutées, piano blanc, chaleur caniculaire, quelques particules de poussières virevoltent autour d’un pied de micro éclairé d’un spot … Voilà le plateau que découvrent les spectateurs en entrant ce dimanche au Cirque Royal pour applaudir Emmanuel Moire. Une vidéo projette les initiales de celui que tous attendent : EM.
Sobre et classe, le ton est donné d’entrée de jeu.
Les musiciens s’installent, on note immédiatement la présence d’un trio de cordes. La formation est en place et les premiers sons se font entendre. C’est de manière très maligne que le français accueille son public puisqu’il n’est pas sur scène, seuls les morceaux qui ont fait son succès sont distillés, faisant monter indéniablement l’impatience des spectateurs.
Et puis une voix, sa voix, un texte, le thème du chemin, la vidéo s’anime, les lettres tournent, les instruments montent d’un ton et le voilà entrant sur scène sous un tonnerre d’applaudissements et un parterre debout comme un seul homme.
Elégant à l’image d’un James West, pantalon, gilet et veste noirs ajustés sur chemise blanche, regard pétillant et sourire ravageur, il n’y a pas de doute Emmanuel Moire a les bons codes du parfait gentleman charmeur.
Et la voix, sur les premiers accords de « La vie Ailleurs », un peu plus rauque que d’habitude, un peu nouée. C’est depuis l’arrière de la scène qu’il démarre son show. A hauteur de ses musiciens, pas en avant, à l’image de ce concert humble et placé sous le signe du « Être ensemble ».
Les premiers morceaux se veulent plus doux, enrobés de magnifiques lumières, tantôt face au public, dans l’échange complet, tantôt au piano, douceur et zenitude au rendez-vous. Beaucoup d’émotions et de sensibilité. Les fans semblent conquis, d’autres spectateurs ont plutôt l’air de se demander quand le français va se lâcher et offrir son énergie bien connue.
Démarrer un concert par les morceaux les plus personnels, par le quasi intime est un choix respectable et audacieux. Emmanuel Moire est de ces artistes qui sont aimés de leur public pour leur côté écorché vif et hypersensible. Jouer cette carte, exploiter cette partie de son répertoire en première partie de concert était surprenant pour le grand public mais certainement la proposition attendue de ses fans.
C’est dès lors une ballade touchante qu’Emmanuel Moire propose, puisant parmi les morceaux les plus calmes et personnels de son dernier album « Le Chemin » mais également dans l’album précédent voire même dans la comédie musicale l’ayant révélé au grand public « Le Roi Soleil ».
Et puis, d’un coup, les lumières s’emballent, les cordent s’effacent et un souffle rock balaie le Cirque royal. Le bleu des lumières se réchauffe en rouge, violet, la veste et le gilet tombent, les guitares électriques passent devant, la batterie s’emballe et c’est un autre artiste que l’on a devant soi.
Une énergie communicative (de celle que peuvent déployer des artistes tels que Robbie William), Emmanuel Moire rappelle au public qu’il n’a pas gagné « Danse avec les stars » par hasard. Sur « Adulte et sexy », c’est un show à l’américaine qui s’offre aux spectateurs. La salle se transforme en brassier.
D’une très, très haute qualité tant musicalement qu’esthétiquement.
La venue sur scène, au moment du rappel, du groupe belge Sirius plan (qui avait assuré les premières parties de certains concerts en France) et le final guitare-voix sur un magnifique message humaniste termineront d’enchanter le public.
Emmanuel Moire est un artiste caméléon, extrêmement proche de son public et de son équipe, il fera venir à l’avant de la scène chacun des musiciens au moment des saluts, chose trop rare dans les concerts actuels où certains vont même jusqu’à ne plus présenter ceux qui les accompagnent.
Il descendra dans la salle, s’arrêtant, répondant aux sourires et aux mains tendues. Sur scène, en fin de spectacle, il prendra le temps de recevoir les lettres, fleurs et présents tendus vers lui par des spectateurs conquis. Un bel artiste dans le respect.
On peut penser que ce qu’Emmanuel Moire propose n’est au final qu’une variété française déjà mille fois entendue, surfant sur les voies ouvertes par des artistes comme Pagny ou Bruel il y a quelques années, qu’il n’innove en rien, que ce n’est pas ce genre d’artiste qui fera bouger la petite planète de la musique. Qu’il est formaté pour le canapé rouge d’un dimanche après-midi chez Drucker. Peut-être, sans doute même n’est-ce pas complètement faux MAIS Emmanuel Moire propose néanmoins quelque chose qui n’a pas de prix. Une musique bien faite, des textes de bonne facture, une musicalité ouverte et ancrée. Il s’offre en artiste sincère, authentique posant un regard bienveillant et positif sur ce que chacun peut connaître dans son quotidien. Il propose de l’énergie, des sourires, un véritable moment de partage.
Il dévoile un peu de son âme, invite l’autre pour un bout de chemin.
Un artiste à découvrir, un homme à apercevoir derrière le beau gosse, un talent.
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