On s’était dit rendez-vous dans 10 ans… Pour moi c’était le premier rendez-vous avec Patrick Bruel. Il arrive sur scène, souriant. Les premières mesures on déjà résonné sur cette chanson super connue, je suis un peu dans le flou derrière mon appareil photo. Les premières chansons passeront à regarder, regarder, prendre le bon angle, accrocher son sourire pour une belle photo, essayer de le voir derrière son piano. 5 chansons et je me mets à écouter et à regarder. Le son d’un violoncelle, d’un clavier, deux danseurs sur les podiums en hauteur, pas un son dans la salle. L’émotion s’installe. Danse moderne, la chorégraphie se développe, deux danseuses arrivent. Tout est encore très calme mais avec la voix vient le moment plus rock, limite rap, les mouvements plus forts, les jeux de lumières comme des lasers soulignent cette superbe chanson chorégraphiée qu’est “les maux d’enfants”, un texte qui est porté par l’instant, la danse. Il enchaine sur “Alors Regarde” chanson rock portée par un texte aussi fort que le précédent. Patrick Bruel nous amène à la prise de conscience tout en étant souriant, sexy, plus rock que je ne le pensais. La complicité avec ses musiciens se ressent de plus en plus au fil des chansons, Jeux de regards et de guitares. Du rock aux moments plus calmes, il joue avec la foule passant de l’un à l’autre avec finesse, introduisant la chanson qui arrive par une petite histoire. Mais quelle histoire ! La découverte d’une émotion qui le touche en tant que père lors de la présentation du film “le prénom” dans une prison. L’univers carcéral, les mots des prisonniers, la solitude face à son enfant qu’on ne peut pas voir grandir. Il nous livre peu à peu des morceaux de sa vie, de ses ressentis qui donnent une merveilleuse chanson écrite en deux heures sur ce thème: “Je serai là pour la suite”. Juste une guitare acoustique et de la douceur.
De la tendresse à un medley qu’il dit ne pas chanter parce qu’il faut 16heures 48 pour chanter toutes ses chansons, avec un “ce soir vous n’entendrez pas…” il nous entraine sur des parties de morceaux choisis que la foule reprend en cœur… Pour ça, un bandana autour du cou, peut on dire qu’il est beau, je ne sais pas mais en tout cas, il est charismatique, charmant, charmeur et tellement classe. Mais oui, je dirais que je craque.
Une guitare un tabouret, il ne lui en faut pas plus pour amener le délire dans la foule. Des foulards de couleurs fleurissent partout. Pas une main qui ne s’agite avec un morceau de tissus de couleur. Les roses d’hier étaient magiques, les foulards d’aujourd’hui sont lumineux, des couleurs de la fosse au plus haut des gradins. C’est magnifique. De la lumière des foulards à la chanson ” st Jean” il fait valser tout Forest National. Un pas de deux que j’ai l’honneur de partager avec un super ami photographe… Quelques pas de valse plus tard, tout le monde danse, je ne pensais pas voir ça un jour. C’est beau, émouvant, ça prend à la gorge de savoir qu’une seule personne, toute simple puisse arriver à donner autant; à faire vibrer et danser TOUTE la foule.
Les drapeaux anglais se lèvent… “She’s gone” nous emmène à son premier concert en 1973, les Stones bien sur. Il enchaine avec “Satisfaction” en duo avec son guitariste. Patrick Bruel nous emmène du rock à des textes qui nous demandent de faire appel à notre conscience, notre cœur. Il nous balade par je ne sais pas quel chemin vers l’actualité. Je ne sais pas quel chemin car on passe de l’humour à la vie, des sourires au silence, de la foule qui saute et frappe des mains à des voix qui murmurent sur un texte superbe.
Au centre de la scène, un grand écran rond, la terre y tourne doucement sur fond de soleil ou d’étoiles, “Où es-tu”, où êtes-vous les gens disparus, enlevés parce qu’ils sont en première ligne de l’information. Ce soir nous sommes aux alentours de 8500, pas un bruit dans la salle pendant cette chanson, juste de l’écoute et du respect.
On passe d’une chanson à une autre sans même s’en rendre compte. Les premières notes d’un violoncelle nous amènent au “café des délices” en enchainant sur un mix d’Alexandrie-Alexandra, à la foule qui danse, qui saute, qui frappe des mains. Le temps est venu pour la dernière chanson, des notes de piano et de violoncelle, des mots chantés juste par la foule, une contrebasse, les guitares arrivent et se mêlent au fond de batterie. Le show est juste comme il le faut, tout arrive exactement au bon moment. Pour une fois, ce ne sont pas les gsm qui s’allument comme petites lumières, ce sont les briquets et les petites flammes jaunes qui sont les plus présents. Ca faisait longtemps que je n’avais pas vu cette lumière chaude. Il part mais la foule continue à chanter…
On ne ratera pas les rappels. Juste une voix et un danseur, de l’intimité, des visages de femmes défilent sur le grand écran. Cette foule en grande partie féminine qui muse les paroles “des voix de leurs pères”. Encore un moment d’intense émotion. On navigue entre le beau et le très beau, le triste et la joie. Il introduit une de ses chansons par des prises de conscience sur notre siècle, la vie, le téléthon dont il est le parrain et il nous parle d’I tunes qui pour la première fois donne ses droits sur une chanson “Arc-en-ciel”, un panaché de couleurs pour une belle cause. On sent toute l’importance que ça a pour lui. D’une guitare au piano, Maurane arrive pour un superbe duo. Lui, rend hommage à la plus belle voix francophone ; elle, lui demande de lui écrire une chanson pour son prochain album. Serait-ce la fin du show? Non, on a encore un peu de temps à vivre ces instants magiques… Mais je rends la plume, j’ai envie de passer ces dernières chansons à écouter, ressentir et juste profiter d’un moment que je ne pensais pas possible…
En arrivant, J’avais un peu peur de faire face à une foule de midinettes en délire, mais je suis restée tout le concert, n’ayant pas assez d’yeux et d’oreilles pour tout retenir, pour tout voir et tout entendre. Pas besoin de feux d’artifices, de jeux de lumières extravagants pour faire un superbe show. Juste de la simplicité qui lui convient très bien. Il est vrai sur cette scène, présent à son public, souriant, facile d’accès, un vrai artiste.
Bref, vous avez tous compris que je suis conquise et je rentre sourire aux lèvres en attendant avec impatience son prochain concert.
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Natacha Joveneau