La troisième et dernière date du festival “Le Père Noël est un Rockeur” avait lieu samedi dernier à Dour. Comme on vous l’expliquait dans notre article sur l’édition montoise de l’événement, ce festival est « organisé conjointement par Go Go Go asbl, Arc Borinage/Hauts-Pays et le festival de Dour, réparti sur trois dates, avec à chaque fois des groupes différents. Le principe est simple : ici, pas besoin de payer son entrée avec de l’argent, il suffit d’apporter un ou plusieurs jouets en bon état pour rentrer, jouets qui seront distribués à des enfants venant de familles défavorisées. »
C’est donc emballés par ce concept, mais aussi par le line-up alléchant – le vice-champion du monde de beatbox étant au programme –, que nous nous sommes rendus sur place. Le site, aménagé à l’intérieur d’un hall sportif, est assez sobre, l’ambiance de Noël étant mieux représentée par la présence d’un bar à vin chaud que par un vrai travail de déco de circonstance. C’est Unik Ubik qui entame la soirée devant un public encore timide. Nous ne verrons malheureusement que la fin du set de ces adeptes de l’afro-jazz à la sauce psychédélique.
C’est donc avec The Tangerines , un groupe de rock-electro bien de chez nous malgré ses influences british, que nous nous mettons réellement en jambes. Les montois, qui semble vouer un véritable culte au slim, proposent un rock’n’roll acide à l’esthétique savoureusement dépressive. Evitant toute effusion de joie, les six musiciens donnent corps à une présence scénique charismatique et oppressante qui colle parfaitement à leur musique torturée. Une agréable découverte.
Pale Grey vient ensuite nous arroser de son électro-pop édulcorée, cisaillée par les sons aigus et scintillants d’un drum-pad qui apporte une touche de relief aux compositions. L’ensemble du set nous a paru bien maîtrisé par le groupe, assurant une prestation scénique très professionnelle, même si le tout nous a semblé un peu monochrome. Comme s’il manquait d’une petite étincelle de quelque chose…
Puis débarque la première grosse tête d’affiche de la soirée. Alors que Noa Moon n’en est encore qu’aux balances, la foule se presse déjà devant la scène. Ce qui apparait comme des problèmes de retour semblent être source de tension parmi les musiciens. Finalement, le concert débute avec quelques minutes de retard, et on sent l’artiste gênée, indisposée. Bien qu’assez court, son set soufflera tout de même un vent de fraîcheur sur la salle. Difficile de quitter des yeux cette beauté fragile au regard perçant et à la voix chaleureuse. Alors qu’elle entame les premières notes reggae de son tube ‘Paradise’, la foule semble faire le plein de tonus et commence enfin à chanter et à se dandiner un peu. Au final, nous aurons droit à un concert sans artifice dont nous avons apprécié la spontanéité et la simplicité.
La scène accueille ensuite Primitiv, pour notre plus grand plaisir. L’homme est champion de Belgique et vice-champion du Monde de beatbox, rien que ça… Celui qui a assuré de prestigieuses premières parties tout au long de sa courte carrière – Birdy Nam Nam, Beat Torrent, Snoop Dogg, Wax Tailor, Asian Dub Foundation – monte sur scène seul armé d’un micro. « J’vais faire des bruits de bouche… avec ma bouche, explique-t-il tout simplement. Tout ce que vous entendrez est 100% vocal, il n’y a aucune machine. » À partir de là débute un show tout simplement estomaquant ! L’homme maîtrise parfaitement sa discipline et est capable de sortir des sons dupstep, électro, ou des sons plus instrumentaux tels que la trompette ou la caisse claire, mais surtout, il les produit tous en même temps. « Est-ce que vous aimez les basses ?», demande-t-il à la foule avant de nous hérisser les cheveux en nous balançant des basses si puissantes que nos tympans en vibrent, comme si on venait de prendre un pet de Godzilla en pleine face. Après une petite démonstration technique de ‘monkey scratch’ – « une technique que j’ai inventée » –, l’artiste s’attaque à un medley de chansons connues. Nos yeux s’écarquillent en voyant l’homme sortir de son gosier de gros tubes internationaux tels que Drop it like it’s hot, de Snoop Dogg, Alors on danse, de Stromae, ou Killing in the name of de Rage Against the Machine. La prestation nous fait l’effet d’un formidable hommage organique à la musique électronique et aux sons industriels. La capacité de Primitiv à assurer un concert complet tout seul avec son micro est une véritable prouesse. À voir absolument…
C’est ensuite Kid Noize et son electro déjantée qui monte sur scène pour faire bouger la salle alors que l’ambiance de la soirée atteint son point culminant. L’homme au masque de singe et au look underground cultive le mystère sur son identité, un peu à la manière de Daft Punk. Et c’est un énergumène tout droit sorti de la Planète des Singes qui s’excite pendant une bonne heure derrière sa table de mixage. Il faut dire que cela fait son petit effet ! Lorsque l’animal vous regarde droit dans les yeux, par-dessous ses proéminentes arcades sans sourcils, son regard vous pénètre et vous capture pour le reste de la nuit. Son sourire de silicone, narquois et figé, a quelque chose d’extrêmement flippant lorsqu’il semble vous être adressé. On a adoré ce set explosif qui a mis le feu au Père Noël est un Rockeur !
Nous n’assisterons malheureusement pas au dernier concert, celui de Lady Cover, la route du retour s’avérant longue, mais nous avons passé une excellente soirée, riche en découvertes, et nous fixons rendez-vous avec Le Père Noël est un Rockeur sans faute pour l’année prochaine !
N’hésitez pas à aller lire le compte-rendu des dates précédentes, par Quentin Joveneau, en cliquant ici.