Entre Namur, Huy et Liège, un groupe émerge, il préfère l’obscurité d’une pochette et d’une nuit sans étoile, dont le garde-fou est un arbre, à la clarté du soleil. Ils assurent en titre de leur premier EP, Moon Shall Overcome, que la Lune vaincra. En tout cas, les Chord Strikers ont tout le talent pour conquérir nos coeurs, ce premier EP n’en est qu’un très bon départ.
Un EP? Finalement non, pas tellement, sur 7 titres et une intro pas piquée des vers et propice à instaurer un climat (une baignoire remplie des maux du monde dont le groupe émergerait après un mauvais rêve), l’album atteint une durée de 36 minutes. Plus long que certains albums d’artistes confirmés. Grèvistes des accords, les Chord Strikers? Non, plutôt des attaquants par la voie des accords. Aux formidables pouvoirs mélodiques. D’abord avec le titre donnant son titre à l’EP, Moon Shall Overcome, entraînant avec son piano et ses guitares knopfleriennes, la voix du chanteur François Paulus s’installe, avec des airs de Pete Doherty qui aurait rencontré Nick Cave dans ses souffles, ses râles. C’est même plaintif parfois. Le voyage commence plutôt bien et ne se relâchera pas avant le dernier accord de la dernière chanson.
Fort d’une belle maturité, les 6 gars font force de leurs influences couvrant quelques décennies du rock, mais amenant aussi une touche, un regard neuf, une plus value. Car non, ils sont loin de l’image d’un groupe de covers qui aurait produit ses chansons « originales »; ici, le groupe apporte son style, entre pop et rock, mais dans des genres non arrêtés.
Comme dans tout bon EP qui se respecte, les Chord Strikers passent en revue l’étendue de leurs talents, tant dans les solos (majestueux, notamment sur Nothingness but music, à se damner) semés au gré des chansons, que dans les couleurs qui leur sont données. C’est fourre-tout, mais c’est tant mieux, c’est surprenant. Notamment avec ce saxo qui apparaît comme une illumination et part en jazz sur Strange Delight. C’est tout bonnement excellent, comme sur les meilleurs Supertramp. Avec une vraie force, un vrai voyage, une infinie émotion. À tomber, vraiment. Et la surprise n’est pas finie, puisque si le groupe s’illustrait en anglais jusqu’ici, il y a une place pour le français sur Le Croissant Dort, un brin psyché avec ses envolées autant musicales que vocales.
Habité et extrêmement bien fignolé, les Chord Strikers signent la un huit-titres intense et cohérent où l’émotion s’invite et où la classe s’invite. Des chansons qui sonnent différemment à chaque fois et où chaque musicien semble avoir amené sa manière de faire de la musique. Peut-être est-ce un peu éparpillé, mais non, n’est-ce pas le but d’un EP que de montrer tout son savoir-faire?. Et, en plus, il paraît que ça sonne aussi bien, si pas mieux, sur scène. Un grand groupe en devenir? Le potentiel est là en tout cas!
The Chord Strikers, ce sont Pierre Beaulieu (pour les solos de guitare), Antoine Englebert (basse et choeurs), Mathieu Paulus (claviers), François Paulus (guitares et chant) et Guillaume Sepulchre (à la batterie).
Site: www.thechordstrikers.com et Facebook
En concert le 12 septembre lors de l’Openstream d’Hotton (en espérant que bien d’autres dates s’invitent avant)