Le festival « Les Parlantes » est un doux mélange de lectures, de théâtre, de concerts, de musique, de poésie. Les mots au centre, l’ancrage par l’encre et par le verbe, par le souffle, par la voix.

Les mots, voilà bien le fond de commerce de Grand Corps Malade.
Et les mots de son dernier album « Funambule » sont un terreau riche, porteur de force et de vivacité à l’aube de ce printemps.

Ce qui frappe en premier lieu chez Grand Corps Malade, Fabien Marsaud, c’est son sourire. Large, franc, lumineux, sincère. Et puis, ses yeux. Grands, très grands. Ouverts sur une salle déjà conquise qui n’attend que lui.
Et là, surprise. Bien entendu, il y a les mots, le débit, le flux slamé, onctueux, sans angle, rond et fluide. Mais il y a surtout l’habillage de ces mots. La musique se met au service des textes. Leur donnant plus d’ampleur, plus de lumière, plus de poids.
La personnalité des musiciens est essentielle. Il y a une réelle connivence et un jeu de scène. De la batterie au piano, c’est une belle énergie qui est propagée et qui relie les artistes avec le public.

Le public se laissera bercer par la voix chaude et profonde de Grand Corps Malade. Le Forum de Liège avec son décor de théâtre et ce son si particulier accueillait avec précision les textes remarquables du français. Le public s’emballera sur « Je suis Charlie », deux mois après les tragiques évènements de Paris, l’émotion est palpable. Standing ovation et regards complices. Comme une impression d’être ensemble, vraiment, profondément. De se comprendre au travers des valeurs. Et c’est là que Grand Corps Malade a tout gagné.

Il utilise les mots comme un étendard, un exutoire, un canal d’émotions. Lorsque ses mots sont reçus comme ils le furent au Forum, le pari est gagné.
Quand une salle se tait, à l’écoute de la moindre virgule, ponctuant de sourires silencieux les bons mots, les calembours et les rimes, le slameur ne peut qu’être ravi. Il a touché du doigt son objectif. Echanger, partager, réfléchir ensemble et se nourrir d’une énergie revigorante.

Les premiers rayons du soleil de printemps baignaient le Forum de Liège lorsque nous y sommes arrivés. Fabien les a prolongés. Et j’ai aimé me chauffer l’esprit et le cœur à sa lumière et à sa douce chaleur réconfortante. L’humanité incarnée en homme existe, je l’ai aperçue. Elle a de grands yeux, un sourire radieux et quitte la scène en s’appuyant sur un ami. Grand Corps Malade est de ces derniers remparts contre la bêtise et la facilité. Merci aux Parlantes de lui avoir donné tribune, merci à ce joli festival d’exister et de nous faire vivre de si jolies émotions.

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