C’était sans doute la soirée la plus francophone du festival des Beautés Soniques de Namur. Pour en profiter, il fallait trouver le Théâtre Jardin Passion dans un recoin de la rue Marie-Henriette. C’est vrai que vu de la rue, ça ne paie pas de mine. Mais pressez le pas et entrez-y et vous serez accueilli dans la singularité chaleureuse d’un lieu qui a suspendu le temps. S’ouvrant sur un petit salon compilant un univers sans âge, un petit robot se balade, un lustre éclaire la salle de sa beauté, des divans accueillant font du charme aux spectateurs lors des entractes. Un vrai beau lieu auquel les Beautés Soniques ne pouvaient que rendre grâce. Puis au-delà du rideau, il y a une petite salle, soixante places en gradin tout au plus et la scène sur un tapis, sans estrade, juste à hauteur d’hommes et de femmes. Intime et évocateur à la fois, invitant sans conteste au plaisir du voyage.
Au bonheur des problèmes techniques
Et de voyage, il en était question. Avec le duo Mon Réal tout d’abord pour débuter une soirée prometteuse. Alors oui, il y a de l’accent dans ses chansons, mais pas celui qu’on croit! Malgré son nom, le duo n’est pas québécois mais bien flamand et même gantois et se compose de Frank de Vos et Roeland Vandemoortele. De là à faire résonner la langue de Vondel à Namur? Pas du tout, puisque depuis toujours, Frank de Vos met sa voix grave et caverneuse au service du français. Ainsi chante-t-il Paris, Adamo (une version très sombre de Tombe la neige), une Saison Berlin et les amours de toutes sortes. Les textes sont parfois autobiographiques, très souvent humoristiques et toujours surprenants tant ils sont bien cisaillés et développés. Pas de refrains et couplets faciles non plus. Ajoutez à ça une musique entre guitares, claviers et boîte à rythme et une bonne humeur communicative, et c’était parfait. Même si quelques problèmes techniques ont ponctué la prestation, rajoutant encore plus de plaisir à voir ce duo naviguer en toute décontraction.
Une décontraction également perceptible en interview, un peu décalée:
https://soundcloud.com/limite-limite/interview-de-mon-real-beautes-soniques-2014
Il y a encore de beaux jours après l’Été
Entracte et plaisir de retrouver le petit salon, et nous voilà reparti pour une nouvelle heure de concert. Et quel bonheur de retrouver Nicolas Michaux. Nicolas qui? Mais si, Nicolas Michaux, ancien leader d’Été 67. D’ailleurs, avec ce 1er Novembre à 20°c, l’été n’était pas très loin et la chaleur du public en témoignait. Devenu bruxellois et bidouilleur professionnel, Nicolas Michaux nous a surpris il y a quelques mois avec la sortie de son premier clip, très réussi, À la vie à la mort. Entre pop francophone (avec des aléas entre la musique et les chanteurs des années 70, mains dans la poche, et sons plus actuels) et quelques moments de blues anglophone aussi, comme la chanson de rappel, le Lovesick Blues popularisé par Hank Williams. Un zeste d’érotisme par-ci, un solo de guitare dantesque par là et beaucoup de moments délicieux. Sans oublier un certain engagement: “Une chanson plus politique dénoncant les nouveaux “Robin des Bois” qui volent aux pauvres pour donner aux riches.” Pas de doute, Nicolas Michaux marque un grand retour, plus personnel et dépouillé. On attend impatiemment la suite, dont il a donné gentiment quelques nouvelles en interview.
https://soundcloud.com/limite-limite/interview-de-nicolas-michauxbeautes-soniques-2014
Les Beautés Soniques continuent encore aujourd’hui avec Amatorski, Frànçois and the atlas mountains et Son Lux.
Mon réal, Salmigondis, chez LC Music