Cela fait maintenant quelques temps qu’un tempétueux vent électrique en provenance d’Irlande souffle avec force sur les plaines du rock et de ses déclinaisons post-punk et indé, proposant de manière régulière de nouveaux produits sonores issus de son terroir insulaire. Après un passage survolté l’été passé sur la plaine de Werchter, le Botanique a ainsi vu GURRIERS débouler dans son Museum ce mardi.

Le programme de la soirée annonçait un autre groupe irlandais, THEATRE, en première partie. Pas grand chose à se mettre dans l’oreille les concernant avant de prendre la direction du Botanique. En effet, le groupe ne possède pas de profil d’artiste sur les plateformes de streaming. Il faut se « contenter » d’une page YouTube et d’un compte Instagram moyennement fournis. De quoi malgré tout éveiller notre curiosité avec une musique qui semble évoluer entre shoegaze et folk. Mais notre curiosité devra en rester là car un des membres du groupe n’est pas présent, ayant dû faire face à des imprévus dans les transports européens, ne permettant dès lors pas au groupe de se produire. Le public est malgré tout fair-play et applaudit chaleureusement le membre du groupe monté sur scène pour faire cette annonce. On vous met quand même ci-dessous la seule vidéo qu’on a trouvé sur leur compte YouTube :

Après une attente qui fut donc plus longue que prévue, GURRIERS débarque sur une scène contre laquelle se sont amassés des premiers rangs qui ne sont clairement pas là par hasard. Un peu partout dans la salle, on observe en effet des spectateurs se promener avec des t-shirts à l’effigie du groupe. Aussi, comme souvent sur ce type de concert orienté post-punk, un public majoritairement néerlandophone, mais contre toute attente plus jeune qu’à l’accoutumée, remplit une salle qui affiche complet depuis plusieurs semaines déjà. « Come And See », le premier album du groupe sorti l’année passée, porte pour le coup très bien son nom. La salle déborde d’ailleurs tellement de spectateurs, qu’il faut ouvrir à la hâte le balcon.

Après une introduction emmenée par le classique « Can’t Take My Eyes Off You » repris en chœur par le public, le quintet (2 guitares, basse, batterie, chant) débarque sur scène avec une attitude qui indique qu’ils sont prêts à en découdre. Et de fait, dès les premières notes, le niveau de saturation des guitares et des enceintes et déjà placé assez haut. Visuellement, ça remue dans tous les sens malgré l’exiguïté de la scène alors que le parterre part au quart de tour en pogo nerveux. Avec sa moustache, sa chemise terne et sa cravate, le chanteur a tout ce qu’il faut pour incarner un morne fonctionnaire poussiéreux en provenance directe du milieu des années 80 ou 90. Mais ça ce n’est que pour la référence symbolique. Dans les faits, ça dégueule d énergie de tous les côtés de la scène, le frontman allant chercher le public, l’ interpellant, le montrant du doigt, haranguant une foule très réceptive. Plus proche du spoken word sur les couplets, c’est dans un déferlement de décibels que le gaillard hurle ses refrains de manière jubilatoire, bruyamment accompagné par un public qui semble avoir décidé de résilier son abonnement chez Basic Fit pour venir transpirer abondamment ce soir au Botanique. Il va d’ailleurs de temps à autre au contact en slammant sur la foule ou en se jetant directement dans le pogo.

Les 4 autres membres du groupe ne sont pas non plus là pour attendre que le temps passe puisque durant une petite heure ils vont se donner pour mission de créer un véritable mur sonore où il n’est pas une bonne idée de mettre les doigts dans la prise. On a notamment une guitare électrique qui cavale dans une urgence éreintante qui semble vitale, déversant un son brut, râpeux et un peu grunge à la fois mais avec une certaine froideur typiquement eighties et héritées de la mouvance post-punk. La basse est elle aussi rugueuse et saturée avec un son un peu crasseux mais qui doit elle aussi pouvoir produire de jolis arcs électriques si on vient la chercher d’un peu trop près. L’ensemble sonore offre quelque chose qui n’a rien de révolutionnaire mais qui sonne de manière terriblement puissante, excitante et singulière malgré tout. Il y a chez GURRIERS la recherche d’une marque sonore à part entière avec un traitement des instruments maitrisé mais sans concession.

GURRIERS ne lâche rien et offre un véritable sprint débridé tout au long du set, ne laissant aucun répit aux spectateurs pour souffler même quelques secondes. Et lorsqu’un titre se fait plus lent au milieu de la setlist, c’est pour y intégrer des boucles électriques et sonores aussi oppressantes qu’hypnotiques. Et lorsqu’un autre titre démarre sur un tempo un peu moins syncopé, c’est pour quand même finir en grosse tempête sonore saturée de toutes parts, toujours sous haute tension. La fin du set arrive arrive avec le brûlot « Nausea ». Lorsque les lumières se rallument, personne n’a rien à redire, la tempête irlandaise de GURRIERS ayant mis tout le monde d’accord et ayant distribué de vigoureuses claques pour remettre les idées en place chez ceux pour qui un léger doute subsistait.

Setlist – GURRIERS – Le Botanique – 9/12/2025

Erasure – Dipping Out – Close Call – Today’s Not Enough – Sign Of The Times – No More Photos – Interlude – Top Of The Bill – Come And See – Nothing Happens Twice – Approachable – Des Goblin – Nausea

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