Le premier album des Males propres est un disque d’urgence. Dix titres aux thématiques graves et engagées composent ce premier album au titre on ne peut plus évocateur : « Rage du cœur ». On ne peut parler d’un album pessimiste mais plutôt d’une musique alternative responsable et dénonciatrice. On ne peut, en tous les cas, rester indifférent à ce premier album du groupe bruxellois.
Les Males propres, qui depuis de nombreuses années se révèlent principalement sur scène, font une proposition très rock. Avec une prédominance de guitares électriques et de batterie, c’est un album que l’on perçoit enregistré avec l’adrénaline du live. Énormément d’énergie et de cohérence se dégagent. La voix du chanteur est abrasive, oscillant entre les graves ténébreux et les dérapages aigus, chaque texte est joué comme une tribune, comme si le message devait passer coûte que coûte. Le débit est volontairement intrusif, ne laissant que peu de place au doute. Les mots sont parfois violents, symboliques et générationnels.
La première écoute emporte comme une locomotive lancée à grande vitesse, le flot des mots est enivrant, la vitesse du rythme laisse le souffle court. On se sent comme un avatar de jeu vidéo qui doit échapper à un danger qui lui colle au train. On se sent submergé face à une réalité sociétale, un peu noire, plus proche de la dysutopie que de la description pure et dure.
On pourrait regretter que parfois la musique prenne le dessus sur les textes mais une fois l’oreille habituée à l’énergie dévorante déversée, l’écoute se veut plus fine et on retrouve le sens du message.
Que l’on adhère ou pas au propos ou au style musical, Rage au cœur est un album bien ficelé, volontaire et dérangeant.
Du bon son qui secoue les oreilles mais aussi les émotions et le cerveau.