En tant que réservoir inépuisable du rock, l’Angleterre continue à régulièrement proposer et exporter avec succès les groupes issus de ses terres. On ne vous parle pas ici de l’hystérie mondiale liée à la reformation d’Oasis ou du succès fulgurant des demoiselles de The Last Dinner Party et de leurs tenues bohémo-instagrammables (cet adjectif n’existe pas dans la vraie vie). LOS BITCHOS, le groupe que nous sommes allés voir ce mercredi soir à l’AB est donc lui aussi né en Anglettere, plus précisément à Londres, et est lui aussi composé uniquement de femmes. Mais la particularité du quatuor est que ses membres sont originaires de Suède, d’Uruguay, d’Australie et aussi d’Angleterre. L’honneur de Sa Majesté est sauf! De ce fameux shaker culturel découle un rock instrumental aux accents psychédéliques et ensoleillés que nous avons donc découvert en live à l’occasion de la sortie de leur deuxième album « Talkie Talkie » et de sa tournée qui faisait escale à Bruxelles.
Avec près de 200 concerts au compteur, LOS BITCHOS est déjà bien rodé à l’exercice de la scène, notamment avec une tournée en compagnie de KING GIZZARD. Et pour compléter leur CV, nous rajouterons que le groupe a été repéré dès ses débuts par Alex Kapranos (Franz Ferdinand). C’est cependant dans la version « Box » de l’AB et précédé du tubesque « Heaven Is A Place On Earth » de Belinda Carlisle que le groupe monte sur scène. Le quatuor est d’ailleurs accompagné d’un musicien additionnel pour cette tournée, celui-ci occupant le poste de seconde guitare.
Deux guitares donc, une basse, une batterie et des synthés, voilà donc la recette à suivre pour que Los Bitchos prennent vie sur scène. Pas de chant, les micros sont seulement là pour permettre de venir poser l’une ou l’autre vocalise afin de donner plus de relief à l’ensemble. Les membres du groupe reconnaissent même ne pas vouloir chanter car aucune d’elles n’est réellement capable de chanter correctement. Voilà qui a le mérite d’être honnête. Nous voici donc parti pour un euphorique trip sonore euphorisant et psyché avec des influences rétros en provenance des seventies où les guitares bénéficient de pas mal d’effets de flangers. Les riffs sont inspirés et dansant, bien qu’il soit parfois difficile de les distinguer et de leur donner une identité propre. La section rythmique joue également un rôle majeur, que ce soit avec la batterie, qui pousse parfois vers une urgence punk ou avec des percussions plus exotiques et tropicales. Les synthés se chargent d’achever la construction de l’ensemble avec là aussi des sonorités héritées du siècle passé. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs soupes. Et celle-ci est plutôt bonne.
Résultat des comptes : ça danse joyeusement un peu partout dans l’AB. Sur scène, les membres de Los Bitchos sont elles aussi dans cette douce euphorie en y allant également de leurs pas de danse, n’hésitant pas non plus à caricaturer des postures de rock’n’roll hero le plus souvent adoptée par ces messieurs à la testostérone débordante. Alors qu’un léger sentiment de déjà vu et entendu commençait à s’installer, la fin de set permet à Los Bitchos d’envoyer ses titres les plus appréciés des fans. Et ce sont sur ces titres là que nous retrouvons effectivement des identités musicales plus marquées. Le set s’achève donc au bout d’une petite heure quart et il en est très bien ainsi. Il ne nous en fallait pas plus, sous peine de nous lasser. On peut en effet se poser la question suivante : avec des sonorités, des rythmes et des riffs très marqués bien que parfois redondants, qu’elle est la marge d’évolution du groupe pour ne pas se répéter album après album et ne pas tourner en rond en s’enfermant dans cette identité psyche-rock dansante ? Affaire à suivre.