La direction des Francos annonçait un vendredi record en termes d’affluence, et nous ne les démentirons pas.Il faut dire que l’affiche du jour était plus qu’alléchante, entre valeurs sûres et artistes en ascension. Petite information de service : les photos de cette deuxième journée du festival suivront dans les prochains jours.

De cette journée dense, nous retiendrons Doria D, sur la Proximus, et son Indé sensible porté par une voix moderne et une vraie présence. L’artiste qui dit « Rêver secrètement qu’un jour on puisse soigner et réunir toutes les âmes du monde grâce à la musique» semble œuvrer pour que son rêve se réalise, ne fut-ce que le temps d’un concert.

On épinglera aussi, sur la scène La Baloise, Joseph Kamel. Le Franco-égyptien à l’univers particulier teinté de douceur s’est révélé face aux festivaliers spadois. On a découvert sa sympathie et son humour. Le moment où il annonce l’arrivée de Julien Doré, avec qui il a fait un duo « Beau », alors qu’il n’en est rien et qu’il ponctuera d’un « c’est une blague, en fait c’est ma meilleure blague » montre que l’artiste est déjà très très à l’aise sur scène. Une belle surprise.

Réunir voilà certainement ce qu’Ykons a fait en ouverture de la scène Rapsat. Les locaux du jour ont déployé une énergie communicative. Le public ne faisant plus qu’un avec le groupe et dansant et sautant telle une seule vague. Le plaisir d’être sur cette scène principale ressenti par le groupe était visible. Leur set puissant était parfaitement huilé tout en laissant la place à une forme de spontanéité. La volonté de partage, notamment lorsque Renaud a rejoint le public, rendant ce moment magique. Ykons, après l’AB et l’OM entre autres, est définitivement entré dans le cour des grands hier à Spa.

A l’issue de leur concert, la place face à la scène Rapsat ne s’est pas réellement vidée, le public attendant très tôt Pascal Obispo. Le Français, que l’on ne présente plus, prenait possession de la scène à 20h30. Tout de blanc vêtu, le bientôt sexagénaire, a dès la première note captivé le public. Entouré d’un band rock classique complété de nombreux cuivres et accompagné de deux choriste très groovy, il a fait voyager les spectateurs au travers de son répertoire d’interprète mais aussi de titres composés pour d’autres, rendant un vibrant hommage à Daniel Levy avec « L’envie d’aimer » ou enflammant le public avec « Allumer le feu » titre écrit pour Johnny Hallyday avec sa complice de toujours Zazie.

Zazie qui se produisait juste après Pascal Obispo mais sur la scène Proximus cette fois. Entrée sur scène avec un look très Patti Smith, jeans, chemise loose, chapeau de cowboy, cheveux gris en deux tresses, Zazie a d’abord surprit (peut-être même un peu déçu).  Sa voix, que l’on a connue si identifiable, n’est plus la même. Plus rauque, plus « enfermée » dans le nez, il aura fallu plusieurs minutes pour la retrouver. Mais telle une amazone, elle s’est emparée de l’espace, ses bras formant des arabesques au fil des chansons, elle a créé une bulle autour d’elle et du public. On l’a connue plus rock, plus sauvage, plus charmeuse. On la découvre plus posée sans être pour autant plan plan, alignée avec celle qu’elle est et qu’elle devient, une artiste honnête et franche. Une femme de bientôt 60 ans, assumée et inspirante.

A quelques encablures de la Proximus, l’après midi et la soirée autour de la scène de la Fontaine se déroulaient au fil des titres proposés par Oli Soquette. Les festivaliers s’en donnant à cœur joie sur les enchaînements souvent étonnants mais toujours festifs ponctués de touches d’humour. Un moment de fraicheur en cette journée particulièrement chaude.

Enfin, c’est avec deux minutes d’avance que Patrick Bruel a pris possession de la Rapsat. Pour la 7e fois en 30 années de Francofolies, le chanteur a embrasé le public et ce dès la première chanson, avant même qu’il ne commence à chanter. Fort de l’énergie de sa dernière tournée, il a proposé, une version réduite d’un set puissant avec des arrangements tantôt rock tantôt pop, mélange de titres incontournables et d’extraits de son dernier album. Dans un décor composé d’écrans projetant des vidéos incroyables, il n’a pas manqué de rappeler l’importance des valeurs qui lui sont chères : la tolérance, la mémoire des justes, le vivre ensemble, … 

L’artiste a invité sur scène Jean-Luc Fonck. Le duo pouvant surprendre tant leurs univers sont éloignés l’un de l’autre. Tout est parti d’une rencontre, dans les studios de Vivacité où Patrick Bruel a découvert l’univers du belge et surtout son « flow ». De cette rencontre est né un défi. Chanter un rap ensemble. Ce qui fut chose faite lors du dernier passage du français au Forum de Liège. Expérience validée par le public qui a poussé Patrick Bruel à proposer au chanteur de Sttellla de le rejoindre à Spa. Et on doit dire que le flow était bien présent. Mais au-delà de ce moment improbable, nous retiendrons les minutes qui ont suivi. Jean-Luc Fonck sorti de scène, le public, avant que Patrick Bruel n’enchaîne, se met à chanter Torremolinos. Bruel ne comprenant pas se tourne vers les coulisses invitant Fonck à le rejoindre. Ce dernier, tout sourire, lui expliquant qu’il s’agit d’une de ses chansons cultes, voit Bruel lui demander les accords. Dix secondes plus tard, les deux hommes entamaient le tube, un moment fou et incroyable dans tous les sens du terme. Moment qui deviendra certainement un des souvenirs forts de cette édition et qui marquera aussi l’histoire des Francos.

Ce concert a merveilleusement clôturé cette deuxième journée de festival.  On se pressait dans les allées (peut-être un peu trop) pour rejoindre le piétonnier aux allures de boîte de nuit à ciel ouvert. Spa n’était pas prêt de s’endormir sous la lune fière qui éclairait son ciel, les festivaliers repartaient quant à eux des étoiles plein les yeux.

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