Lorsqu’on fête ses 30 ans, on a envie de rassembler autour de l’évènement les copains, la famille, les amis fidèles. On a envie de musique, d’ambiance et de chaleur humaines. De regarder le chemin parcouru et de se créer déjà des souvenirs pour les 30 années suivantes. Les Francofolies de Spa ne dérogent pas à tout cela, les festivités s’étalent sur 4 jours et la journée d’envoi de ce jeudi donne déjà le ton de la fête : Être ensemble !
Pour ce premier jour, la programmation se voulait résolument panachée sur les 4 scènes du site. Ouverture des festivités avec Cloé du Trèfle et Lisette Lombé sur la scène Baloise. Autour de leur album « Brûler Danser », les deux artistes ont emporté dans leur chevauchée sorore les premiers festivaliers. Il y avait de la surprise sur les visages, il faut avouer que le mélange des deux univers des deux femmes est particulièrement déroutant. Le spoken-word de Lombé et les arabesques électro de Cloé du Trèfle au service d’un texte puissant pour ouvrir une première journée était un pari audacieux mais relevé haut la main.
Les nombreux festivaliers se pressaient déjà sous un soleil de plomb pour l’ouverture de la scène principale, la Pierre Rapsat, par Colt et sa pop electro. Comme un sorbet à la fois rafraichissant et réconfortant. Une attitude fluide et énergique. Un des coups de cœurs de la journée.
Et puis, An Pierlé et La Lumière (composé de Nina Kortekaas, Vitja Pauwels, de Gil Mortio,et Joao Lobo) ont pris possession de la scène Proximus. C’est avec son projet 100% en français, que celle qui est sans doute une des artistes les plus inventives actuelles a emporté avec elle le public. Entre surprise et originalité, An Pierlé fait, une fois de plus, une proposition qui nous emmène là où ne pensait pas aller. Comme toujours, différente et absolument présente.
Si An Pierlé est une artiste à part, l’autre phénomène du jour est sans conteste Flavien Berger. Le poète plasticien musical. Berger était très en forme ce jeudi. Entre musique arrangée comme un assemblage d’influences et une attitude toute en modernité, le français montre que chanter en français n’est décidemment pas un obstacle à l’originalité.
Francis Cabrel ne misait pas sur l’originalité pour son concert sur la scène Rapsat. Il misait sur la force de son répertoire. La beauté des textes et le travail d’arrangement musical comme un orfèvre. Le public était bien entendu au rendez-vous et ne s’est pas fait prier pour reprendre les titres emblématiques de l’artiste. Cerise sur le gâteau, un moment partagé avec Christophe Maé que le public retrouverait quelques heures plus tard. Un concert de patron.
Alain Chamfort a, quant à lui, largement fait preuve de modernité. Accompagné d’un tout nouveau groupe dont la moyenne d’âge doit frôler les 30 ans, celui que l’on qualifie souvent de dandy a proposé un set composé de morceaux de son dernier album « L’Impermanence » (qu’il présente comme son dernier disque) et de titres emblématiques de son répertoire. La jeunesse du groupe apporte réellement une couleur différente à la prestation d’un des artistes les plus délicats. Et ce n’est pas une panne de lumière qui a entaché cette magnifique proposition. Peut-être parce que les spectateurs, dans un élan commun, ont allumé les lumières de leurs téléphones, faisant de ce moment une réelle connexion.
De connexion il est toujours question quand on assiste à un concert de Puggy. Le lien avec les spectateurs est indéniable et le groupe, de retour depuis quelques mois avec un nouvel album, a une fois de plus proposé un set haut en couleurs et en bonne énergie. Retour gagnant !
Spa était déjà plongé depuis quelques heures dans le noir quand la Rapsat a accueilli Christophe Maé. On connait l’artiste généreux et dans le partage qu’il est. Cette fois, il sa proposition s’appuyait sur une nouvelle configuration musicale, une sonorité venue du Cap-Vert. Chez Maé il y a ce mélange toujours étonnant de flegme et d’énergie. Ça saute, ça bouge, ça sourit, ça parle mais surtout ça joue. On s’amuse et on se laisse embarquer dans un moment hors du temps.
Cette première journée fut à l’image de la météo : soleil dans le ciel et dans les oreilles. On épinglera aussi les nombreux concerts gratuits, sur le piétonnier et dans les bars en folies avec deux noms pour ce jeudi : Thomas Frank Hopper qu’on ne présente plus et qu’on espère dans une future édition sur une des scènes du festival et Cactus et Mammuth OVNI qui en trois minutes a réussi à transformer la rue en piste de danse. En résumé, un premier jour comme une promesse d’une toute grande édition des Francos !