La troisième journée du festival démarre sous les nuages et une légère pluie, pas de quoi se laisser abattre pour des belges comme nous mais ça contraste avec ces derniers jours. La fatigue commence à se faire sentir et notre corps nous signale que l’on parcourt plus d’une dizaine de kilomètres par jour. Le temps du ménagement est arrivé, n’oublions pas que demain, pour la dernière journée du festival, nous allons avoir l’enchaînement de quatre concerts dont on ne voudra pas rater la moindre miette.

Nous débutons avec les Louvanistes de Brutus, une fierté nationale de plus dans le milieu musical. Ils sont sur la fin de leur tournée de l’album Unisson Life démarrée il y a deux ans, nous avons donc encore droit à une majorité de titres issus de ce dernier. Le trio composé de Stefanie Mannaerts à la batterie et au chant, Peter Mulders à la basse et Stijn Vanhoegaerden pour la guitare nous emmène avec violence dans leur voyage post-hardcore. Ils tiennent la scène de main de maître et on constate beaucoup plus de personnes présentes que la dernière fois qu’ils se sont produit à Clisson en 2019, la plaine de la Valley est encore plus remplie qu’hier pour la tête d’affiche Fu Manchu. Le trio belge semble avoir une petite histoire particulière avec le Hellfest et pourquoi ne pas les voir sur une des Mainstages dans les années à venir ? Stefanie mentionne son affection particulière pour leur concert de 2019 dans la Warzone. Ça démarre très fort avec War comme premier morceau, ils annoncent la couleur pour ceux qui viennent les découvrir et on a déjà le souffle coupé sur la performance. Le public ne s’y trompe pas, la prestation est absolument phénoménale, la voix nous transperce les tripes et on ressent toute l’émotion qu’elle transmet au plus profond de nous. Le public est plutôt réactif pour taper dans les mains dès que l’occasion se présente, on ressent la hype des gens qui sont venu remplir la plaine. Le concert se termine avec un Sugar Dragon absolument dantesque. On dirait que le fil rouge de cette année est que le premier concert de chaque jour est un bijou émotionnel et de réalisation. Espérons que la journée continue sous les mêmes auspices.

Une fois n’est pas coutume, nous nous rendons enfin à la Warzone pour aller voir un de nos Français préféré, Didier Wampas Psycho Attack. Et rien que le voyage jusque là bas est déjà toute une aventure, vu le carnage que c’est pour circuler cette année. Nous l’avions ressenti dès le jeudi en arrivant sur le site, il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde. Un peu trop même… Pourtant nous avons l’habitude des festivals et des déplacements en foule mais ici absolument tous les points sont saturés quand vous souhaitez arriver ou partir de la Valley. La zone est beaucoup trop petite pour le nombre de festivaliers intéressés. Mais arriver enfin en bas de la butte de la Warzone on essaie de profiter de la guinguette punk et du sacré bordel lancé par Didier Wampas. Arrivé sur le générique de la série des années 80 Hawaï Police D’Etat, il prévient qu’il n’y aura que des chansons des années 80 ce soir et entame Marie-Lou pour attaquer le concert de front. Fidèle à lui-même, il ne faut pas attendre le 3ème morceau pour qu’il saute déjà sur la foule et se laisse porter par les milliers de festivaliers venus festoyer avec lui. Sur scène à part Didier et son chant si particulier on retrouvait une batterie, guitare et contrebasse. Chaque année on se fait au moins un concert du style dans la Warzone et le boulot a bien été fait par Didier et sa bande !

On part avant la fin pour être sûr d’avoir le temps de revenir de l’autre côté. Et parce que si vous voulez aller aux toilettes du côté de la Valley il faut s’armer de patience également ! Les files sont impressionnantes et il faut une bonne vingtaine de minutes avant de pouvoir en ressortir soulagé. Heureusement on ne rate pas le début de la grande prêtresse Chelsea Wolfe !

Artiste que nous avons découvert au festival Roadburn il y a quelques années déjà et dont nous sommes tout de suite devenu fan. Les écrans géants sur le côté de la scène sont éteints, on profite de la beauté du show en plongeant nos yeux directement dans ceux de la chanteuse. Le charme opère évidemment dès le premier morceau, Whispers in the Echo Chamber, mais nous étions déjà conquis à l’avance, ce n’est pas du jeu. Elle nous sort un set relativement similaire à ce qu’elle avait fait à Tilburg plus tôt cette année mais ce n’est pas pour nous déplaire. Elle pourrait réciter sa liste de course qu’on l’écouterait religieusement et avec des étoiles plein les yeux. Le jeu de lumière est très beau mais il fait encore trop clair que pour en profiter pleinement, alors nous fermerons les yeux à plusieurs reprises pour se laisser complètement prendre par la musique. La puissance brute et industrielle de certains de ses morceaux nous laisse dans un état cathartique sincèrement délicieux. D’un autre côté certaines parties plus sensuelles de ses compositions nous font lentement nous déhancher pour monter en puissance avec elle, on passe par une multitude d’états et d’émotions. Nous avons droit à beaucoup de titres issus de son dernier album She Reaches Out to She Reaches Out to She (avec Dusk, Everything Turn Blue, The Liminal, etc…) et on profite une nouvelle fois d’un son absolument divin. Le concert se termine sans que l’on ait vu le temps passer, il s’est mis à pleuvoir mais ça ne nous a pas dérangé le moins du monde tellement nous étions bien.

Après s’être fait rincer pendant quelques heures on se dit qu’on terminera notre journée avec le super-groupe Mr. Bungle ! Malgré que l’on ait imperméabilisé notre veste avant de partir, c’était plutôt un équipement de plongée qu’il nous fallait aujourd’hui parce que là ce n’est plus un slip que nous avons mais un maillot ! Même trempé, il suffit aux gaillards de débarquer sur scène pour qu’on oublie tout ce qu’on vient de subir et qu’on se laisse emporter par la rage et la maitrise balancée. Car dans ce super-groupe se trouve un de nos dieux vivant : Mike Patton ! Dont nous n’avons raté aucun projet (Faith No More, Fantomas, Dead Cross, etc…), mais aussi Ian Scott guitariste de Anthrax et Dave Lombardo ex-batteur de Slayer. Pour accompagner ces joyeux lurons il reste Trevor Dunn co-fondateur du projet avec Mike lors de leurs années de lycée et enfin Trey Spruance propriétaire du label Web Of Mimicry. Durant cette période d’Euro de football, on pourrait comparer cette composition aux Galactiques du Réal Madrid dans leurs meilleurs années. Ce n’est pas parce qu’on a les meilleurs joueurs que ça joue bien mais là, on peut vous assurer que nous assistons à un véritable récital, chaque musicien maitrise son instrument et la folle perfection vocale du chanteur orchestre tout ça à merveille. La folie de Mike Patton sur scène est un peu indescriptible, il peut partir dans tous les sens et réagir au moindre stimuli du public. Ce qu’ils proposent tous est vraiment hyper qualitatif, les riffs qui découpent des nuques de Ian Scott et Trey Spruance, les rythmiques complètement démentes de Dave Lombardo et Trevor Dunn nous font secouer la tête dans tous les sens, tout ça lié par la performance hors norme de frontman que Mike Patton nous sort comme pratiquement à chaque fois. Dites vous qu’en plus de ce beau monde, ils nous ont ramené sur scène Wolfgang Van Halen, le fils du fameux, pour interpreter Loss Of Control de Van Halen et à la fin du concert c’est nul autre que Andreas Kisser de Sepultura qui est venu retourner la plaine avec un Territory plein de rage et de puissance ! On ne sent plus du tout la fatigue tellement le groupe nous balance leur énergie, et malgré toute la pluie qui s’abat sur nous depuis des heures on s’éclate sans vergogne et on donne tout ce qu’on a. Le concert se termine avec une magnifique version de All By Myself rebaptisée Go Fuck Yourself, très bien Monsieur Patton, faisons comme ça et rentrons nous sécher avec un sourire de dingue sur le visage !

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