Comme pas mal de monde, nous avons fait la connaissance de FALL OUT BOY au milieu des années 2000 lorsqu’ils inondèrent la bande FM avec leur single “Thnks fr th Mmrs”. S’inscrivant dans la mouvance emo-punk-rock de l’époque, le groupe marquait cependant le pas avec des titres aux mélodies et ambiances plus festives que dépressives. Sans vouloir paraître grossophobe, et alors que la musique avait, à l’époque (mais cela a t’il vraiment changé ?), au moins autant d’importance que le paraître, Fall Out Boy déboulait avec un chanteur légèrement bedonnant, à l’opposé des standards de maigreur en vigueur à l’époque dans le mouvement emo. Bref, Fall Out Boy a ensuite continué à tracer son sillon et à sortir régulièrement des albums. C est donc avec un neuvième album dans les enceintes que les américains débarquent ce mercredi soir à Forest National.
La soirée débute tôt puisque c’est à 19h tapantes que la première première partie monte sur scène alors que l’arène forestoise se remplit doucement. NOTHING NOWHERE balance les premiers riffs quelque part entre nu-metal, rap et refrains huilés ou plus mélodiques. Et c’est finalement tout logiquement qu’ils envoient une reprise de “One Step Closer” de Linkin Park. Cette recette remporte son petit succès et ils réussissent à capter l’attention du public tout au long de leur set de 25 minutes.
Place ensuite à PVRIS. Pour l’anecdote, le groupe s’appelait initialement Paris mais des raisons juridiques les ont contraints à changer leurs plans. Et finalement c’est à peu près la seule chose à retenir car leur set est noyé dans les basses qui bourdonnent dans Forest National. Le son était pourtant bon jusque là. De cette masse sonore s’extraie malgré tout une voix féminine énergique et puissante se posant sur des titres saturés de guitares électriques qui le sont tout autant, agrémentés de quelques touches cyber-electro. Mais nos oreilles prennent cher à cause du mixage. On ne passe malheureusement pas un super moment et le groupe n’y est pour rien. On note aussi un titre aux airs de ballade pop et folk plus acoustique.
Un grand rideau rouge vient ensuite cacher la scène en attendant le début du set de FALL OUT BOY. Le public s’occupe en reprenant en chœur Sk8er Boi” d’Avril Lavigne qui rentit dans les enceintes de la salle. On retrouve également deux écrans géants de chaque côté de la scène. Après une intro aux sonorités grandiloquentes, le groupe fait son apparition alors que des gerbes d’étincelles et des fusées pyrotechniques sont tirées en fond de la scène finalement très épurée, en dehors d’un mur de lumières assez impressionnant. Mais cela change vite avec un décor qui évolue via des écrans géants, prenant par exemple des airs de fonds marins dignent de La Petite Sirène (avec machine à bulle et à mousse) ou de forêt enchantée, sans oublier une tête de Dobermann aux airs de cartoon.
Fall Out Boy fait donc dans le pyrotechnique mais avec modération, bien qu’on note une basse qui se transforme de temps à autre en lance flammes. L’attention se concentre autour de deux des quatre membres du groupe : Patrick Stump au chant et à la guitare ainsi que Pete Wentz à la basse. Et alors qu’habituellement le chanteur est également le porte-parole du groupe, Chez Fall Out Boy c’est Pete Wentz qui s’en charge. Mais ne vous faites pas d’illusion, ce sont des Américains : toutes les interventions entre les morceaux sont formatées, calibrées et récitées. Tout comme lorsque ce même Pete Wentz traverse la fosse pour venir jouer une petite minute de basse dans les gradins du côté de la régie son et lumières, c’est sympa mais pour des raisons de sécurité et de calibrage du show, c’était prévu.
Et nous pouvons effectivement parler de show et non d’un concert basique. Ce que propose Fall Out Boy ce soir à Forest National est un bon équilibre entre mise en avant de la musique, du chant, de visuels et d’un petit côté entertainment made in US. Rien d’excessif donc. C’est donc la grosse ambiance ce soir à Forest National (qui n’est vraiment pas bien loin d’a afficher complet), chaque premières notes des titres joués ce soir étant accueillies sous les cris et les paroles étant reprises en chœur par la fosse et les gradins. C’est au total vingt-sept titres qui sont interprétés ce soir, et c’est à chaque fois le même spectacle d’euphorie généralisée qui s’empare de la salle.
Les années ont passé, et le groupe est resté constant dans ses productions, continuant à allier des couplets plus mélodiques avec des refrains où toutes les guitares sont de sorties et où la voix de Patrick Stump, qui ne semble pas avoir évoluée d’un iota, déploie toute sa puissance. A côté de toutes les étiquettes émo, punk, rock et pop associées au groupe, nous y ajouterions la suivante : power rock. En effet, tout au long de la soirée, et à chaque nouveau morceau, c’est un gros mur sonore bien massif qui s’extirpe des enceintes de la salle. Le seul moment plus calme vient en fin de set avec quelques titres en piano-voix, mais avec toute la puissance vocale qui va avec malgré tout. Et puis pour relancer la machine, le groupe se lance dans une reprise osée et inattendue de “Enter Sandman” des intouchables Metallica.
La fin de set est donc envoyée avec tous les amplis poussés à leur maximum, notamment pour le brûlant et enflammé (au propre comme au figuré) enchaînement des titres “My Songs Know What You Did In The Dark (Light Em Up), hurlé par tout Forest National, et l’incournable “Thnks Fr Th Mmrs”. La machine à gros hits qui dépassent allègrement le demi-milliard de streams chacun est lancée. Après “Centuries”, “Saturday” achève le concert dans un registre plus punk-rock, sous une pluie de confettis et de serpentins. Durant un peu moins de deux heures, Fall Out Boy a ainsi traversé toute sa discographie et l’ensemble de ses albums avec une répartition assez équilibrée, célébrant ainsi plus de vingt ans de carrière en compagnie d’un public qui semble continuer à se renouveler. Fall Out Boy ne semble pas pour autant se reposer sur ses acquis et continue à proposer des nouvelles choses tout en restant étonnamment constant dans son style musical et sans lasser ou tourner en rond.