Il n’est pas toujours facile pour un artiste de construire une carrière après avoir commis un hit planétaire. Et c’est bien cela qui aurait pu arriver à TOM ODELL en 2013 avec son single “Another Love”. La folie médiatique est passée et l’auteur-compositeur-interprète (et pianiste) a continué son chemin discographique avec un quatrième album sorti en 2021. Mais ce chemin n’a pas été non plus un long fleuve tranquille, avec un travail introspectif parfois très difficile à gérer. C’est aujourd’hui avec des sonorités plus électroniques (mais le piano reste l’instrument dominant) que Tom Odell monte sur scène dans le cadre de cette tournée européenne. Il était ce lundi soir à Bruxelles dans une ANCIENNE BELGIQUE qui affichait complet.
Nous arrivons tranquillement sur le Boulevard Anspach sur le coup de 19 heures et nous nous retrouvons fasse à une file d’attente qui s’étire longuement sur plusieurs centaines de mètres. Il faut dire que l’avant-programme de la soirée est bien chargé avec deux premières parties : Cartwright et OSKA. Chacun dans des styles oscillant entre pop et folk, ils vont avoir la rude mission de jouer face à une assistance qui rentre seulement dans la salle et qui n’est donc pas forcément la plus attentive. Finalement ils réussissent tout deux à capter l’attention des spectateurs. Musicalement, on a apprécié la délicatesse et l’enrobage musical de chacun de ces deux artistes. On vous conseille d’aller les découvrir et les écouter en étant tranquillement posé dans votre canapé, avec une bonne tasse de thé bien chaude ou une bière spéciale, au choix.
La salle est maintenant bondée d’un public relativement jeune qui manifeste bruyamment son impatience alors qu’un grand piano à queue est disposé sur scène. Et c’est seul que Tom Odell entre sur celle-ci pour aller s’y asseoir afin d’entamer un premier morceau intimiste aux airs blues et écorchés. Son timbre de voix si particulier n’y étant pas étrangé. Il est ensuite rejoint par ses musiciens au cours du morceau, alors que le piano se fait soudain beaucoup plus nerveux et que le titre se transforme en sombre tempête électrique bien rugueuse. Le public reprend déjà quant à lui, en choeur, les paroles de ce titre d’ouverture. Il en sera de même à plusieurs occasions tout au long du concert, au point de couvrir la voix de Tom Odell.
Derrière ce visage à la fois angélique et doucement torturé, se cache un pianiste dont le spectre musical est très large. Dès lors, ce piano constitue le fil rouge de tout le reste dans le concert de ce soir. Tom Odell livre de somptueuses mélodies qu’il appuie d’envolées vocales à la sensibilité perceptible. C’est lorsqu’il est seul sur scène avec son piano que le concert devient magique et aérien. Le chanteur semble seul dans sa bulle avec son piano, au point de ne saluer le public qu’au bout d’une grosse vingtaine de minutes, restant de marbre alors que celui-ci cherche à l’interpeller pour lui exprimer des mots doux entre chaque titre. En effet, on ne compte plus les I love you entendus aux 4 coins de la salle. Public qui connait parfaitement la discographie de Tom Odell puisque, de façon systématique, chaque nouveau morceau est acclamé dès les premières notes de celui-ci.
Lorsque les musiciens reviennent sur scène ce sont pour des morceaux plus rock et rythmés, aux mélodies efficaces mais travaillées. Ces titres n’entrainent forcément pas les mêmes émotions que lorsque l’homme est seul en scène. Le pulic semble apprécier cette alternance d’ambiances, tout comme lorsque Tom Odell invite sur scène Oska et Cartwright le temps d’un morceau. Concernant la touche électro, celle-ci est discrète et réside principalement dans les atmosphères sonores avec beaucoup de discrétion, lui donnant des airs finalement “normaux”, classiques et en parfaite adéquation avec l’identité sonore de l’artiste.
Le titre “Hold me” vient conclure le set principal. Il est alors 22 heures et Tom Odell se lève, quitte son piano, et s’avance sur les barrières de sécurité pour interpréter ce titre, faisant bien entendu hurler la salle. C’est l’heure du rappel avec un premier titre à la contenance rock et brûlante. Un second titre beaucoup plus posé, accompagné d’une douce guitare électrique arrive ensuite. Le soirée s’achève sur l’incontournable et prévisible “Another Love” qui transforme l’Ancienne Belgique en un énorme karaoké à la puissance vocale impressionnante. Tom Odell n’a même plus besoin de chanter puisque sa voix est couverte par le public. Il était clairement arrivé en terrain conquis ce lundi soir à Bruxelles, mais il ne s’est pas contenté de livrer un concert au rabais. On a réellement apprécié la diversité musicale qu’il a proposée tout au long du set, oscillant entre piano classique et chevauchées rock bien électriques. On est soulagé de ne pas avoir assisté à un concert où le public n’aurait attendu que le seul et unique “Another Love”, sa discographie comptant effectivement bien d’autres perles mélodiques qui ont enchanté un public aussi attentif qu’enthousiaste.
SETLIST – Tom Odell – Ancienne Belgique – 19/09/2022
Numb – Can’t pretend – Sparrow – Give a fuck – True Colors (reprise de Cyndi Lauper) – Street of heaven – Flying – Heal – Best day of my life – Grow old with me – Half as good as you (accompagné de Oska et Cartwright) – Magnetised – Hold me – Fighting fire with fire – Concrete – Son of a only child – Smiling all the way back home – Another Love