Programmé initialement en juin 2020 c’est deux ans plus tard qu’a pu avoir lieu le concert de l’envoûtante et énigmatique pianiste-chanteuse AGNES OBEL. Celle-ci est venue présenter “Myopa”, son quatrieme album sorti il y a deux ans maintenant. Le concert de ce lundi soir au Cirque Royal était donc très très attendu par son public qui avait acheté ses places en un temps record à l’époque. Cette soirée était donc l’occasion d’aller nous imerger dans l’unvivers étrange et doux a fois de la belle danoise.

 
C’est le multi-instrumentiste belge BORIS GRONEMBERGER (River Into Lake, ex-Girls In Hawaii) qui monte d’abord sur scène pour la première partie. Et justement, durant son set ce sont les titres  de River Into Lake qu’il joue. Avec sa guitare et sa console électronique il propose des titres épurés qui mélangent pop, rock, un peu de blues et quelques arrangements électros dans un style général orienté indie.
 
A la suite de son set, le Cirque Royal est plongé dans une ambiance sonore à base de chants d’oiseaux, annonciateurs de l’univers aérien et délicat d’AGNES OBEL. Sur scène, on retrouve pas mal d’instruments où se mêlent violoncelles, piano et autres batteries électroniques plus “modernes”. Une grande toile blanche est tendue en fond de scène avec l’image de la scène qui s’y imprime à l’infini dans un effet psychédélique. Un silence religieux se répand dans la salle lorsque la lumière devient plus tamisée.
 
 
Agnes Obel et ses trois musiciennes entrent sur scène en toute simplicité, chacune s’installant auprès de son instrument. Et pour Agnes Obel c’est bien entendu le piano. Elle est vêtue avec élégance d’un large pantalon noir et d’un haut tout aussi noir en dentelle. Ses musiciennes sont vêtues quant à elles vêtues de blanc. Nous avons fait le choix de ne pas utiliser de photos pour illustrer cet article. Cela n’est pas lié à une quelconque exigence de l’artiste. Non ce sont nos smartphones et notre éloignement relatif de la scène qui ne nous ont par permis d’obtenir un résultat digne de ce nom. Publier les piètres photos que nous avons prises ne rendaient pas valablement justice à la qualité du concert proposé par Agnes Obel. Il faut dire qu’avec un univers sonore mais aussi visuel mi-clair mi-obscur et vaporeux, il est difficile de tirer quelque chose de présentable et qualitatif sans un matériel un minimum professionnel. Et nous n’avions pas demandé d’accréditation pour un photographe.
 
Agnes Obel entame donc son set avec le titre “Red Virgin Soil” et sa rythmique aux faux airs de piano désaccordé. Très rapidement les violoncelles entrent dans la danse avec un mixage du son qui permet de les mettre avantageusement en valeur. On comprend rapidement que derrière le nom singulier de l’artiste se cache un travail de groupe où ses 3 musiciennes apportent une importante puissance à chaque titre. Après ce premier titre instrumental, on retrouve “Dorian” où la voix d’Agnes Obel s’écoule sans la moindre fausse note ou approximation, dans un troublant mélange rauque et doux à la fois. Même sans l’image et en fermant les yeux, écouter le concert est déjà un moment privilégié.
 

 
Chaque titre résonne comme un nouveau voyage onirique et fantastique, a la fois sombre et intime, émouvant mais jamais désagréable ou inquiétant. Et sur la toile en fond de scène, se succèdent des images tournoyantes filmées directement et discrètement depuis la scène par une armada de caméras. Ces images sont enrobées dans des voiles de lumières obscures et étincelants à la fois. L’ensemble sonore et visuel est immersif et captivant, surtout lorsque le visage d’Agnes Obel apparait en gros plan sur ce fond de scène. Le titre “Camera’s Rolling” issu du dernier album et qui est joué ce soir est d’ailleurs bien à propos. 
 
Quand Agnes Obel prend le temps de s’adresser au public, c’est avec simplicité et avec quelques mots en français qu’elle le fait. Elle remercie notamment le public d’avoir gardé ses tickets malgré les multiples reports du concert depuis deux ans. Et son dernier album a également déjà deux ans, raison pour laquelle elle n’en jouera que quatre des dix titres, préférant explorer l’ensemble de sa discographie de manière assez équilibrée.
 

 
Le titre “Stretch to your eyes” et son intro inquiétante s’achève avec la puissance des violoncelles qui sont alors mis dans une tension et une nervosité absolue. Ces passages puissantes se multiplient ainsi tout au long du set, tout en restant dans une délicatesse et une maitrise totale. Il en va de même pour les discrètes boucles électroniques qui viennent retranscrire la nuance de chaque titre, donnant l’étiquette classique et moderne à la fois qui est souvent collée sur la discographie d’Agnes Obel. Les percussions ne sont pas en reste avec le titre “Myopa” qui vient parfaitement illustrer la maitrise de l’artiste dans ce domaine, là aussi avec une puissance et une profondeur qui peuvent se déployer librement sur scène. Ses musiciennes jouent aussi de temps à autre les choristes, comme sur l’intriguant et “Familiar” qui gagne lui aussi en puissance. Il n’est finalement pas étonnant de constater le nombre de titres issus de son répertoire et qui sont utilisés dans des films et séries. Sa musique à en effet quelque chose de cinématographique que nous rapprocherions parfois de l’univers sombre et enchanteur de certains films de Tim Burton.
 
Lorsque les premières notes de “Riverside” résonne, les smartphones se mettent à filmer un peu partout dans la salle pour ce qui est probablement le titre le plus emblématique et le plus épuré (piano-voix) d’Agnes Obel. Avec sa mélodie aux airs de berceuses féeriques, c’est par ce titre que beaucoup de personnes ont découvert l’univers et la voix chaleureuse de la chanteuse. La magie opère encore une fois ce soir et le pouvoir intime de ce titre fait régner un silence total, presque mystique dans la salle. La fin du set principal arrive avec “The Curse” et ses violoncelles qui se font tempétueux, presque martiaux alors que les percussions battent elles aussi la mesure. L’ovation qui suit est à la hauteur et c’est tout le Cirque Royal qui se lève pour applaudir longuement Agnes Obel et ses trois musiciennes. En rappel, ces 3 musiciennes deviennent uniquement choristes le temps du très joli et délicat “Won’t you call me”. Un dernier titre et c’est ensuite une seconde longue ovation qui envahit la salle alors que les quatuor salue le public avec de larges sourires sur les visages.
 

 
Agnes Obel a enchanté le Cirque Royal avec ses titres et son univers sombre et féerique à la fois, dans un style qui oscille entre néo-classique et pop moderne. C’est une impression de grande maitrise et de grande classe qui s’est dégagée tout au long de la soirée. Cette maîtrise ne donne pourtant jamais l’impression qu’Agnes Obel triche ou que son set déroule de façon automatique. Au contraire, la délicatesse et la puissance mélodique et sonore de chaque titre et de sa voix ont captivé la sensibilité et les émotions des spectateurs qui étaient présents ce lundi soir au Cirque Royal.
 
 

SETLIST – Agnes Obel – Cirque Royal – 27 juin 2022

Red Virgin Soil
Dorian
Camera’s Rolling
Run Cried The Crawling
Trojan Horses
Island Of Doom
Stretch Your Eyes
Familiar
Myopa
Riverside
Philarmonics
The Curse

Won’t You Call Me
On Powdered Ground

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