Pour clôturer ces quatre jours de folie à Arras, les programmateurs du Main Square avaient mis la barre très haute. Peut-être pour braver le rideau d’eau qui s’abattait sur la plaine de la Citadelle, pari lancé, pari tenu.
C’est avec des artistes qui proposent une musique du soleil et entrainante que ce dimanche s’ouvrait. Entre le Blufunk d’un Keziah Jones très en forme (même si le début du concert fut en peu frileux, le nigérian restant en fond de scène, peut-être par peur d’être mouillé ou par timidité), un set endiablé de Rodrigo Y Gabriela particulièrement apprécié des amateurs de guitare (le grand public semblant par moment regretter une certaine monotonie dans la proposition) et un jazz funky et drummé à souhait du The Parov Stelar Band, porté par une magnifique Cléo Panther, toute de blanc vêtue et portée par des musiciens incroyables dont des cuivres irréprochables, le ton était donné.
Si la Main stage proposait un début de journée qui bouge, la Green stage était quant à elle plus teenage avec Nina Nesbitt et James Arthur. Deux concerts pour un public déjà conquis par ces nouvelles icônes pop mais qui n’ont apporté que peu de surprise et de fraicheur à ce dimanche.
C’est vers 18.45 que les choses sérieuses commençaient sur cette scène plus confidentielle avec l’arrivée du groupe belge de l’année : Girls in Hawaï. Coïncidence, le soleil arrivait pour illuminer le set impeccable des cinq garçons au talent fou. Surfant de titre en titre, emportant le public sur les vagues de leurs mélodies qui flirtent tantôt avec la pop, tantôt avec un rock teinté seventies, c’est définitivement une valeur sûre que ce groupe.
Juste le temps de changer d’endroit que Bertrand Cantat et Pascal Humbert s’avancent déjà sur la Main stage pour un des moments forts de cette dixième édition, Détroit est en place. Après un message concernant les intermittents du spectacle et leur combat, c’est une ouverture toute en douceur, guitare, voix et violoncelle qui embellit la plaine d’Arras. Les deux hommes sont posés, leurs regards sont francs et transpercent les premiers rangs, les marques sont prises. Enchainant les titres de leur premier album et d’anciens morceaux de Noir désir, c’est un concert rock à souhait qui soulève les spectateurs le poing levé comme un seul homme. Sans conteste le moment rock de ces quatre jours.
La foule se déplace à une vitesse folle pour voir le trio de London Grammar sur la Green stage, trop petite pour accueillir une telle masse. Le groupe est le phénomène du moment que chacun veut voir (surtout les garçons pour la ravissante Hannah Reid). Alors que leur Wasting my young years se voulait prometteur, c’est un set très linéaire et rectiligne qui a été joué. À la limite du soporifique, le public semblait pour moitié convaincu et pour moitié déçu…
Cette dernière journée était également celle du retour de l’énormissime –M-. A la hauteur de toutes les attentes, Mathieu Chedid a enflammé Arras avec un concert haut en couleurs, en jeux avec le public mais surtout avec une proposition musicale indescriptible. On le savait excellent guitariste mais ce dimanche, il s’est révélé être encore bien plus. C’est un public en folie qui le porte jusque la fin, reprenant les plus grands tubes et en demandant encore plus. Mention spéciale aux musiciens, notamment à ce magicien jouant d’un instrument indescriptible, mélange de basse et de guitare.
Arras attendait encore David Guetta et Bakermat quand la route vers la Belgique nous a rappelés à son bon souvenir.
Il était l’heure de clore cet incroyable week-end et de remercier les programmateurs pour leurs choix judicieux et soucieux de plaire au plus grand nombre. Le Main Square a cette particularité de n’être associé à aucun style et d’accueillir des artistes confirmés et des jeunes pousses musicales. Bon anniversaire le Main Square et à l’année prochaine pour d’autres merveilleux échanges musicaux.