Il n’y a plus une place à vendre pour le concert de ce soir. Celles-ci se sont en effet vendues en quelques minutes à peine lors de leur mise en vente. Il faut dire que MUSTII possède une fameuse réputation concernant le caractère enflammé de ses concerts. Nous faisons donc partie de ces 280 privilégiés présents ce soir dans le Club de l’Ancienne Belgique. Une bonne petite heure avant le début du concert les premiers rangs sont déjà bien denses. Parmi un public très diversifié, on aperçoit notamment les deux membres de Delta qui sont venus incognitos (ou presque).
C’est à 20H30 que les lumières s’éteignent dans un club aussi enthousiaste, qu’impatient et curieux. Trois musiciens viennent alors prendre place sur scène : un traditionnel combo guitare – basse – batterie. Pas de synthés ce soir. Il faut dire que la surface de la scène dans le club limite fortement les moyens techniques à caser sur scène. Alors qu’un fond sonore un peu dark se fait entendre, un halo de lumières bleues syncopées anime le fond de scène. C’est dans une demi-obscurité que Mustii monte sur scène : il est vêtu d’une veste en jeans (qu’il va rapidement envoyer balader), le contour de ses yeux est généreusement maquillé de noir, sa chevelure blonde platine qui lui donne un air surnaturel est toujours là.
Il attaque le concert avec le morceau qui porte le titre du futur album : “It’s happening now”. Logique d’une certaine manière, et ce titre colle finalement bien à notre époque où le Covid a rendu l’avenir complexe et incertain. Alors autant y allé à fond tout de suite, faire les choses dans l’instant présent. Ce n’est probablement par hasard non plus que sont inscrits, sur les t-shirts vendus au merchandising ce soir, les mots suivant : waiting for a miracle. Ce premier titre impose une atmosphère sombre et mélancolique à la fois, porté par des guitares électriques et de sonorités synthétiques.
[embed]https://www.youtube.com/watch?v=S606WzfqUGs[/embed]Mustii enchaine avec le single “Alien” qui n’est rien d’autre que le titre le plus puissant et musclé de sa discographie. La guitare électrique se fait métallique, le riff est sauvage et les amplis sont poussés au maximum. La batterie et la basse se chargent de finir le travail de rouleau-compresseur musical. Un titre qui défonce tout sur son passage, sans perdre le sens mélodique pour autant en cours de route. Et puis il y a toujours cette voix chaude et habitée, un des éléments qui constitue la marque de fabrique du jeune homme. Mustii ne se tient plus, il agrippe son pied de micro pour chanter avec vigueur les paroles de ce titre. Il harangue la foule et commence à arpenter la scène d’un bout à l’autre. Scène qui devient rapidement trop petite pour lui. Inutile de préciser qu’il ira donc chanter et danser dans le public à plusieurs reprises. Il enlève déjà se veste pour laisser apparaître un marcel blanc qui nous fait immédiatement penser à Freddie Mercury. Les postures scéniques et théâtrales ainsi que les pas de danse incessants (plus ou moins suggestifs et interdits au moins de 18 ans) finissent de nous conforter dans cette prestigieuse et ambitieuse comparaison au mythique chanteur de Queen.
La majorité des titres joués ce soir (les nouveaux et anciens) prennent cette tournure très rock bodybuildée, sorte de revival des groupes de rock des années 80 qui se lâchaient dans la débauche de puissance et de gros riffs taillés pour les stades. Mais Mustii y apporte une touche un peu ténébreuse et embrumée. Mustii a également et heureusement pris soin de laisser dans le passé le coté grande chevelures au vent de ces groupes. On constate aussi la présence de beaucoup de chœurs sur les refrains de ces nouveaux titres, de quoi favoriser la dimension fédératrice de ceux-ci. Ces morceaux semblent avoir été taillés et pensés pour la scène. Mais limiter ces chansons à ce virage rock serait un raccourci malhonnête car Mustii nous surprend lorsque sur l’un ou l’autre titre on voit apparaitre une guitare acoustique pour quelques jolies ballades plus lumineuses. Ces sonorités plus acoustiques sont une nouveauté.
Moment plus calme également avec la très belle et intimiste version guitare électrique-voix de “Safety Zone”. Le silence se fait alors absolu dans une assistance qui semble être en train de se recueillir. Cependant, malgré quelques passages effectivement plus lumineux, l’atmosphère générale qui se dégage de la scène est majoritairement obscure. le titre “The Darknest Night” en est l’illustration, aussi bien par son nom que par son contenu musical. Le fait que ce titre ait été utilisé dans la série “La Trêve” pour illustrer une soirée dansante un peu lugubre et malsaine n’est pas un hasard.
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