GIRLS IN HAWAII, voilà un groupe dont le retour sur scène est à chaque fois attendu avec impatience par le public. Et dans le cas présent ils n’ont plus vraiment tourné depuis la sortie de leur quatrième et dernier album en date, “Nocturne” il y a 4 ans déjà, en 2017. Mais les Brabançons ont pour habitude de se donner le temps qui leur est nécessaire pour composer et produire quelque chose, à chaque fois différent, mais toujours avec cette marque de fabrique qui leur est propre. Nous avons donc roulé jusque Lessines dans le Hainaut-Occidental pour aller assister à leur premier concert depuis longtemps. Celui-ci se déroule dans le cadre du SUMMER NIGHT FEVER organisé par le Centre Culturel René Magritte tout au long de l’été.
La soirée de déroule sur le site qui est aussi utilisé pour le Roots & Roses Festival qui a eu lieu en juillet. Il a comme particularité que la scène se situe au dessus du petit court d’eau qui traverse la plaine. Une belle prouesse logistique et technique pour faire tenir tout ça. Le reste du site est une praire où l’on retrouve des fauteuils et des chaises récupérées un peu partout (certaines venant notamment d’églises) ou des bancs bricolés à base de palettes. On note aussi la présence d’un véritable trône taillé dans le bois, en forme de tête de mort. C’est BRNS (à prononcer “braine”) qui assure la première partie ce soir dans un style indie-rock nerveux, agrémenté de gros synthétiseurs aux sonorités rétros. L’ensemble reste assez sauvage et débridé avec notamment quelques passages fougueux aux guitares et la batterie.
Avant que les membres du groupe ne montent sur scène, le concert de GIRLS IN HAWAII est présenté par les organisateurs. Il est ainsi rappelé que le groupe était déjà venu à Lessines en 2002, en première partie de Dead Man Ray. 20 ans bientôt, le compteur tourne ! Il est aussi expliqué que le groupe a passé 5 jours en résidence dans la ville pour préparer et répéter le concert présenté ce soir. Enfin, il est précisé que Girls In Hawaii avait la volonté de remonter sur scène après le black-out du Covid, pour le plaisir de retrouver l’énergie et les échanges que procurent le live.
Il fait maintenant presque nuit lorsque le 5 membres du groupe investissent la scène en toute simplicité. Si Girls In Hawaii se la pétait sur scène (et même en dehors) ça se serait déjà depuis longtemps. C’est tout en douceur qu’il entame leur concert avec “Organeum”. Antoine est comme toujours au chant et à la guitare. Très rapidement on retrouve ses mimiques qui le caractérisent lorsqu’il chante. Lionel va lui alterner entre chant, piano et la guitare tout au long du set. Le reste du groupe est également bien en place. Ils enchaînent ensuite avec “Not dead”, comme pour rappeler que malgré le temps qui passe et leur discrétion médiatique et scénique actuelle ils sont toujours là. Le virage un peu plus synthétique abordé sur le dernier album est ensuite mis en avant avec “Indifference” et ses petites notes de synthés dansantes et aériennes. On sent malgré tout que le groupe a besoin de reprendre ses marques, chacun restant bien concentré sur son affaire.
Ce n’est qu’après ces quelques premiers titres que l’on sent que le groupe commence à se détendre avec “This farm will end up in fire” et son rythme entraînant. Une partie du public qui était restée bien sagement assise jusque là se lève alors et vient se précipiter au devant de la scène pour danser. Ce rapprochement semble faire son effet sur le groupe qui peut alors avoir une interaction plus immédiate avec le public. Le morceau s’achève dans un registre bien nerveux. Le groupe continue alors avec le très énergique “Road to luna”. Plus rien ne semble retenir ou brider le groupe à ce moment là. Le jeu des musiciens devient sauvage et presque punk, ils vont se chercher les uns les autres, le batteur joue debout avant de lever les bras au ciel, plus personne ne tient en place sur cette scène qui semble d’un coup être devenue trop petite. L’ovation qui suit est la meilleure réponse à la bombe sonore et visuelle qu’ils viennent de lâcher.
Le groupe confie alors être heureux de retrouver le public, et que cela en est presque intimidant après autant de temps sans concerts. “Bees and butterflies” vient un peu calmer l’histoire avant un nouveau titre joué en exclusivité. Celui-ci est dans la pure lignée de ce que peut proposer Girls In Hawaii. “Catwalk” vient éblouir la nuit lessinoise avec ses notes de synthés faussement enfantines. On aurait aimé avoir le final du morceau où les bandes sonores sont inversées avec l’effet d’aspiration du son que cela engendre. Mais pas simple à reproduire en live sans “tricher” avec des bandes. C’est tout à leur honneur.
Autre moment fort du concert avec le titre “Misses” qui évoque l’absence et le manque de Denis (frère d’Antoine et ancien batteur du groupe), décédé en 2010. L’émotion est toujours forte sur ce titre qui se veut pourtant très lumineux malgré ces paroles où Antoine chante à l’infini ces quelques paroles : I miss you. “Switzerland” est ensuite joué dans une version très électrique où malgré tout le piano est mis à l’honneur notamment sur la fin du titre où ces notes se perdent dans un écho silencieux. Une fois encore, ce titre semble être vécu comme un kiff total sur scène. Le public manifeste également le plaisir qu’il prend à cet instant. Dans le même style rock aérien, “Guinea Pig” arrive dans la foulée. Pour terminer la partie principale du set, Girls in Hawaii se lance à l’assaut de “Rorschach” et ses riffs de guitares conquérants. Le synthétiseur envoie également la dose de vibrations nécessaires pour rendre le morceau encore plus massif et faire bouger les têtes en rythme dans le public. Sur scène le groupe est lui aussi déchainé, ça se contorsionne dans tous les sens pour aller chercher tout le potentiel de chaque instrument sans en perdre le sens mélodique. La puissance de frappe est juste obsédante. Oui on l’avoue, l’interprétation de ce titre nous a tout particulièrement enthousiasmée.
Pour le rappel, le groupe revient pour trois titres avec notamment “Found in the ground” et “9.00 AM”. Le concert s’achève avec le désormais traditionnel et mastodontesque “Flavor” qui reste une sacrée montée en tension électrique jusqu’à l’explosion finale et rageuse où les enceintes crachent les décibels de toutes les guitares avec fougue et vigueur. Antoine hurle les paroles à genoux sur enceintes posées devant la scène. Le tempête est furieuse et nos tympans prennent cher. Tant pis, il faut vivre l’intensité du moment !
Girls In Hawaii nous a rappelé ce soir qu’en plus de savoir écrire de jolies chansons indie-rock aux contours pop, ils sont aussi un groupe de rock capable de se transformer en une machine imparable en live, pouvant balancer un mur du son extrêmement puissant, tout en conservant le pouvoir mélodique de chaque titre. Le meilleur moyen de se sentir vivant dans ce contexte du COVID qui fut forcément trop morne pour les amateurs de musiques et de concerts !
On ne peut que féliciter l’équipe du Centre Culturel René Magritte pour sa ténacité dans le cadre de l’organisation de l’ensemble des concerts qui ont animé Lessines durant tout l’été, et ce malgré la météo automnale. On a également apprécié l’attention particulière pour l’accueil du public, notamment pour les néerlandophones. Lessines étant une commune située sur la frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie, une partie du public vient régulièrement des communes flamandes voisines pour assister aux concerts organisés dans la ville.
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