Les organisateurs du festival ARENA 5, qui se déroule jusqu’au 11 septembre 2021 au pied de l’Atomium, ont proposé une soirée 100% belge ce mercredi soir : d’abord SUAREZ, et ensuite HOOVERPHONIC. Un groupe issu de Wallonie, et un autre de Flandre. Sur papier l’idée était franchement bonne, dans les faits ce fut un petit peu plus compliqué que ça.
C’est donc SUAREZ qui monte sur scène pour venir défendre son cinquième et dernier album en date, le bien nommé “Vivant” sorti il y a presqu’un an. Le groupe est donc forcément en manque de concerts avec le Covid. Disons le tout de suite, ils ne garderont pas un souvenir impérissable de ce concert puisque c’est devant une assistance plus que clairsemée que Marc Pinalla et ses musiciens malgaches doivent entamer leur set. En effet, le public néerlandophone venu pour Hooverphonic est occupé à se restaurer dans les différents stands présents, et une partie de ceux-ci n’est même pas encore arrivé sur le site. La notoriété de Suarez pourtant bien établie dans la partie francophone du pays semble s’être arrêtée à la frontière linguistique. Et comme si l’affaire n’était pas déjà assez difficile, le concert est dans une configuration “assis et numéroté”. Pas génial pour faire monter l’ambiance. Mais quand on a la coolattirude comme l’a Suarez on ne se laisse pas démonter si facilement.
C’est avec le titre “10 ans” que le groupe entame son set en douceur, quoique déjà appuié par une sérieuse basse au sonorités de synthé acéré. La machine à tubes et à danser se met alors très rapidement en route avec avec “Ni colère ni rancœur”, “Au bord du gouffre”, et “Un souffle de délire” notamment. “Le temps de voir” prend des airs de rock coloré où la rythmique effrénée d’une grosse batterie entraîne l’ensemble. Le public est entretemps arrivé pour remplir une petite moitié des places disponibles, ce qui devient tout de suite plus sympathique pour tout le monde, le groupe y compris. Groupe qui continue d’enchaîner sur le même rythme avec “Coeur Elle” . Il faut bien ça pour réchauffer le public alors qu’un vent de plus en plus frais souffle sur le plateau du Heysel.
L’ensemble du set est servi par un lightshow hyper dynamique alors que la luminosite diminue progressivement. Dans ce set ultra compact et mené à plein gaz, “L’indécideur” fait chanter le public en coeur. Au bout d’une petite quarantaine de minutes seulement Marc chantonne la mélodie de l’entêtant “Qu’est-ce que j’aime ça”. Le concert s’achève sous des applaudissements et des cris enthousiastes. Le groupe a fait le job avec entrain jusqu’au bout et n’a rien à se reprocher. On aurait malgré tout aimé pour eux et pour leur public que le concert puisse se dérouler dans des conditions plus chaleureuses.
Place ensuite à nos derniers représentants en date à l’Eurovision de la Chanson. Ils occupent la tête d’affiche ce soir. En dehors de cette actualité qui ne restera pas gravée dans les annales du concours,
Hooverphonic a par contre réussi à lâcher une jolie petite bombe bien sentie en sortant un nouvel album qui marque le retour de sa chanteuse emblématique
Geike Arnaert. C’est avec elle, que le groupe va connaitre ses plus grands succès, aussi bien en Belgique (dont un passage par la Main Stage de Werchter en début de soirée en 2006) qu’à l’étranger. C’est à l’occasion du vingtième anniversaire de la sortie de l’album “The Magnificent Tree” qu’
Alex Carlier et sa bande ont annoncé le retour de Geike. Vrai retour ou “simple” come-back pour éveiller la nostalgie du temps passé ?
Et c’est avec cinq minutes d’avance que le groupe monte sur scène dans une ambiance embrumée aux sonorités trip-hop sur “A simple glitch of the heart”. Du coup ça court un peu dans tous les sens dans le public afin de trouver rapidement sa place. “The Wrong Place” arrive dans la foulée sous les cris du public qui se montre bien plus enthousiaste que le reste de l’Europe lors de l’Eurovision. Le son est puissant et clair, chaque instrument étant identifiable à l’oreille. La nuit est maintenant tombée, les jeux de lumières sont bien calibrés et vont nous offrir pas mal de jolis tableaux d’ambiance tout au long du concert. Alex Carlier plaisante un peu (en français, en néerlandais et aussi en Anglais) en expliquant qu’ils vont jouer le titre “Belgium in the rain” et que comme par hasard ce soir il ne pleut pas.
Place ensuite à ce qui est probablement le moment le plus marquant du concert : Geike se retrouve seule sur scène avec un de deux guitaristes pour une version épurée de “Vinegar & Salt”. Version épurée mais d’une intensité complètement ahurissante qui hérisse les poils sans qu’on l’ait vu venir ! Le public ne fait plus un bruit, et se retrouve suspendu à ses lèvres. Elle interprète le titre avec toute la puissance et la profondeur vocale qui est la sienne, son corps se tordant et se crispant légèrement par moment. Geike semble avoir repris sa place là où elle l’avait laissée il y a plus de dix ans. Le groupe au complet réinvestit ensuite la scène pour le très planant et langoureux “2 Wicky”. avant d’enchainer sur le fanfaresque “Sometimes” doté de quelques arrangements électros qui sonnent gaiement rétro.
On se posait donc la question de savoir si nous allions assister à un concert en version “come-back nostalgique”. Il n’en est rien puisque le groupe va également puiser des titres dans l’ensemble de sa discographie et en profite au passage pour lancer la machine à tubes : “Anger Never Dies”, “Not Romantic” et sa guitare avantageusement mise en avant sur le refrain, “Jackie Cane” où Alex envoie des notes de basses à vous en faire serrer les dents pour encaisser la déflagration qui les accompagne. On reste dans le même état d’esprit avec “Badaboum” où le guitariste se transforme en chanteur le temps de ce titre marqué par un break de piano jazzy qui laisse ensuite la folie rythmique et dansante reprendre la direction des opérations. “Mad About You” vient aussi complété le tableau avec quelques nappes de guitares qui se perdent en écho vibratoire. Le groupe interprète également l’intemporel “Eden” qui avait fait explosé la notoriété du groupe à l’aube de l’an 2000.
Hooverphonic revient pour un rappel avec “Amalfi” mais le piano (si important dans ce titre) est récalcitrant et ne sonne pas juste. Le temps de réglé le problème et ça repart pour une montée mélodique tournoyante où la batterie est une fois encore puissante et profonde, mais aussi avec une guitare aux sonorités franchement conquérantes. “The world is mine” vient conclure dans les cris et la danse un concert généreux où le groupe aura voyagé au travers de toute sa discographie sans chercher à surfer sur le retour de sa chanteuse iconique. Hooverphonic revient finalement vers ce qui a fait son succès et construit son identité : un savant mélange de pop-rock aux accents de trip-hop, élaboré mais jamais prétentieux ou élitiste.
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