(c) David Bakhoum Photographe-120 ans d’existence, une carrière incontestable et un vrai public. Les Ogres de Barback sont un vrai phénomène atypique dans le paysage musical français actuel.

Début juin, les locaux d’une radio bruxelloise, rendez-vous avec les Ogres de Barback à l’occasion de la sortie de leur dernier disque « Vous m’emmerdez ».
On se pose tranquillement entre les interviews radio et télé qui viennent de se terminer et le prochain train à attraper, et Fred (un des membres du groupe) me raconte pourquoi et comment ils en sont là aujourd’hui, vingt ans après qu’une idée de copains ait été lancée en l’air…

(c) David Bakhoum Photographe-1-2 (2)SB : Fred, j’ai dans les mains votre dernier album. Il s’agit d’un disque original et non pas d’une compilation, ce à quoi nous aurions pu nous attendre pour marquer le vingtième anniversaire de votre groupe. Pourquoi avoir posé ce choix ?

Fred : On fête nos vingt ans en effet. On aurait pu fêter les vingt ans comme on l’avait fait pour nos dix ans, faire une tournée avec des invités autour du chiffre 20. Mais on avait envie de faire quelque chose d’autre, d’aller au-delà. Ce disque était prêt ou presque. On ne voulait pas faire de best of alors qu’on avait quelque chose de neuf à proposer. On a décidé d’offrir ce nouvel album au public pour le remercier de sa fidélité et poursuivre notre route.

SB : Le nouvel album « Vous m’emmerdez » est disponible, pourquoi avoir choisi ce titre ?

Fred : Le climat actuel en France, la vision hermétique qui est propagée en rue nous heuretent. Des questions telles que le mariage pour tous nous touchaient. Notre message est festif certes mais aussi humaniste et ouvert sur le monde.

105137-sortie-du-nouvel-album-des-ogres-de-barback-vous-memmerdezOn voulait réagir, faire passer un message d’où le choix du titre. Vous nous emmerdez avec vos peurs et vos angoisses. On n’est pas dans un pays en souffrance, on n’est pas au bord du gouffre.

Alors après, on peut nous qualifier de bobo de gauche mais on pense être légitime dans notre message. On n’a jamais fait de compromis, on a créé notre maison de disque, on est un vrai collectif depuis toujours. On est engagé dans notre musique mais aussi dans nos actes. Par exemple, le prix de nos concerts, le prix de nos disques restent raisonnables. On considère que chacun dans l’équipe doit gagner la même chose, de l’ingé son à celui qui est face au public. On a toujours voulu être cohérent.

SB Vingt ans de chanson, vingt ans de scène surtout. Aujourd’hui, quel est votre rapport à votre public ?

Fred : Les Ogres, c’est un groupe de scène. On l’a toujours été et on le sera toujours. Notre public a aussi 20 ans dans cette aventure. On a aujourd’hui devant nous des gens qui nous suivent depuis le début. A l’époque, ils avaient 15, 20, 30 ans et aujourd’hui ils sont toujours là avec leurs enfants, voire parfois leurs petits-enfants. Ce qui nous touche, c’est qu’en passant peu en radio ou en télé, on a notre public. Une belle fidélité, on est une communauté. Certains nous ont vu 10, 15 fois..

SB : Sur ce disque, il y a une belle collaboration avec la fanfare Eyo’nlé. Comment est née cette idée ?

Fred : On les a rencontrés lors d’un festival en France. On s’est lié d’amitié musicalement et humainement parlant. On est allé au Bénin, ils sont venus en France pour une tournée d’été et on leur a proposé de partager notre aventure sur la tournée des vingt ans.

On joue ensemble, ce n’est pas une première partie. On est une troupe : on est 12 sur scène. Parfois eux seuls, parfois nous seuls, parfois ensemble, toutes les configurations étaient possibles et on s’éclate.

Déjà sur le disque, au niveau rythmique, leur origine béninoise, berceau de la musique des esclaves mêlée avec nos sonorités tziganes c’est détonnant.

Le public est super réceptif. On a choisi de ne pas la jouer hyper festif d’emblée. On laisse le public savourer nos textes, on propose par exemple aussi une reprise de Brassens puis on y va crescendo jusqu’à mettre une ambiance très très festive.

Ce disque c’est vraiment le mélange de toutes nos influences. Celles de l’enfance, Brassens, Ferré, celle de l’adolescence, contestataire, comme les Berruriers et la musique d’adulte, plus tzigane.

SB : Vous avez fait des disques très différents, de la musique pour enfants. Le prochain grand rêve des Ogres c’est quoi ? La BO d’un film ou d’un dessin animé ?

Fred : Clairement ce serait un rêve, on ne nous l’a jamais proposé. Quand on voit des films comme ceux de Kusturica on ne peut s’empêcher d’imaginer notre musique dans un tel univers.

On aimerait vraiment, avis aux réalisateurs et scénaristes. On est super ouverts !

SB : Les projets de concert pour les mois qui viennent vous feront passer par la Belgique, vous nous en dites un peu plus ?

Fred : On sera fin août aux fêtes de la solidarité à Namur et le 27 novembre nous serons à l’AB. On va proposer deux concerts très différents ne fut-ce que par la durée des sets. En festival, c’est forcément festif, à l’AB on va faire voyager le public.

En festival, on doit embarquer le public qui ne nous connait pas toujours, en salle, à l’AB par exemple, on est face aux attentes du public. Là, on proposera plus de choses différentes.

SB : La question rituelle posée à tous les artistes que nous rencontrons. Quelle est votre manie avant d’entrer sur scène ?

Fred : On ne fait rien ! On ne boit pas, on ne se serre pas dans les bras, on essaie de rigoler un peu. On se taquine mais sans plus.

Le temps passe et nous entendons presque siffler le train…

La rencontre était jolie, conviviale et sincère, à l’image du dernier disque des Ogres de Barback.

Une petite pépite à découvrir absolument le 27 novembre à l’Ancienne Belgique.

Please follow and like us:
error
fb-share-icon