Cela faisait quelques semaines que circulait la rumeur d’une annulation des festivals d’été en raison des mesures de confinements visant à endiguer la propagation du Covid-19, aussi bien en Belgique qu’un peu partout sur la planète. La rumeur s’est, sans surprise et malheureusement, transformée en réalité suite aux mesures prises par le Conseil National de Sécurité du mercredi 15 avril 2020. Tous les manifestations de types “festivals” sont donc annulées jusqu’au 31 août 2020 minimum. Quelques grands festivals internationaux avaient déjà pris les devants, le Hellfest avait suivi en France, sans attendre l’allocution du Président Emmanuel Macron, et chez nous l’équipe du Verdur Rock à Namur avait aussi déjà pris la lourde décision d’annuler son événement prévu fin juin. Les autres organisateurs n’ont plus d’autres choix aujourd’hui que de suivre le mouvement.
Pour la sécurité de tous et parce qu’il y a un intérêt supérieur, la raison l’a emportée sur la passion en quelques sortes. Mais était-il vraiment raisonnable de maintenir ces grands rassemblements qui drainent et concentrent un public qui n’hésite pas à traverser les frontières et à avaler des centaines de kilomètres pour ces grandes messes annuelles, à la gloire de la musique et de la fête ? La même question se pose pour les grands rendez-vous sportifs nationaux et internationaux par exemple. Comment envisager par exemple le maintient d’un festival comme Tomorrowland, dont 50% du public vient de l’étranger, alors que la situation sanitaire reste très fragile et variable dans de nombreux pays à travers le monde ? Interdire les festivals aux ressortissants de certains pays ou de certaines régions ? Forcément discriminatoire et de toute façon à l’opposé de l’idée même des festivals.
Et là on ne parle que du public, il faut aussi penser aux artistes internationaux dont les plannings de tournées se sont vu amputés brutalement en fonction des restrictions sanitaires propres à chaque pays. La logistique et le personnel de l’ombre doivent également pouvoir également être opérationnels, sans se mettre en danger non plus. Les artistes ne sont pas des “surhommes” ou des super-héros, même si on aimerait parfois le croire et y rêver. Ils sont aussi vulnérables que chacun de nous.
En dehors des questions devenues habituelles ces derniers temps et qui sont liées aux remboursements des tickets déjà achetés, il convient aussi de s’inquiéter de l’impact financier qu’aura cette mesure sur les organisateurs. Beaucoup de questions se posaient déjà pour tout le secteur culturel, à la santé économique déjà souvent fragile mais où la passion est souvent le premier moteur. Mais pas que malheureusement. C’est ce secteur qui a été parmi les premiers touchés par les mesures de restrictions et de confinement dans notre pays. Et lorsque l’on regarde la situation auprès de la Communauté flamande elle est d’autant plus critique que les subventions publiques ont été brutalement réduites. Derrière des machines de guerres internationales comme Live Nation (et encore, l’accumulation d’annulations au niveau international pourrait finir par peser lourd), il y a aussi au niveau plus local toute une série d’organisateurs et d’associations aux moyens et aux assises financières moins confortables. Pourront-ils se relever de ce coup de massue ? On l’espère très sincèrement. Va maintenant commencer la bataille juridique entre organisateurs et assureurs pour déterminer si le contexte et les raisons de ces annulations donnent droit à un dédommagement ? Le Hellfest en a déjà fais les frais avec son assureur qui lui a fermement notifié qu’il n’interviendrait par pour le dédommager, sur base d’une lecture juridique “différente” de la police d’assurance contractée par l’organisateur…
La musique est un art vivant et c’est souvent en concert qu’elle se vit le plus intensément. Alors pour le coup la frustration est énorme, on vous l’accorde. Restons positifs malgré tout et n’oublions pas que la musique est une passion qui peut se vivre et se partager de différentes façons, même en confinement. A l’heure du “tout digital” c’est un trésor inépuisable qui nous est proposé. Et pour les amateurs du “tout matériel”, rien n’empêche de se plonger dans les vinyles qui ont presque réussi à ringardiser le bon vieux CD en quelques années à peine. Il ne nous reste plus qu’à patiemment continuer l’effort collectif en cours pour retrouver le plus rapidement possible une vie normale et ainsi pouvoir vivre notre passion, avec une intensité et une saveur qui n’en seront que plus délicieuses encore. Les festivals et les concerts seront alors l’occasion de faire à chaque fois une énorme fête en l’honneur du corps médical et tous ceux qui sont en premières lignes pour nous permettre d’avoir une vie presque normale.
Mais en attendant STAY STRONGH, STAY AT HOME !