C’est avec une météo bien plus clémente que la veille que nous nous mettons en route pour la seconde soirée du festival où on va se consacrer exclusivement à la programmation de la scène du Mont des Arts. On évitera ainsi soigneusement la Place des Palais où le “Duc de Boulogne” (… Booba quoi) se produit en fin de soirée. C’est un menu riche et varié qui nous attend avec du romantisme, des machines, des guitares et de la tension poétique, entre autres. Go !
Malgré tout en arrivant sur place et en jetant un œil vers le ciel on se dit que la météo pourrait dégénérer à tout moment. Cela n’empêche pas déjà plusieurs centaines de spectateurs de s’être amassés devant la scène du Mont des Arts pour accueillir la délicate Pomme. Délicate, mais pas que… Elle est en tout cas clairement attendue ! Elle faisait partie de notre top 10 des concerts à ne pas louper cette année au BSF. C’est en toute simplicité et discrétion qu’elle monte sur scène dans un silence religieux. Elle s’assied sur un tabouret et lance quelques vocalises d’introduction sur un fond sonore en forme d’ondes électroniques. On en oublie presque qu’on est en plein centre ville avec toutes l’agitation du Lieu. Elle nous emmène dans sa bulle. Après nous avoir servi son très joli titre “A peu près” et son texte en forme de promesse amoureuse ou vengeresse, elle se présente avec humour. Un humour nonchalant et plein d’auto-dérision qui nous a fait penser à GiedRé, en moins trash tout de même. Durant tout le concert, elle va interagir avec le public dans cet état d’esprit. Pomme enchaîne ensuite avec la douce mais acide « Pauline », chanson dédicacée aux pimbêches briseuses de cœur. En cours de route elle passe de la guitare acoustique à l’électrique pour continuer à déverser sa belle poésie romantique. Avant le rappel elle prend soin de négocier avec le public pour que celui-ci la rappelle bruyamment et avec enthousiasme. Et cela “pour éviter l’angoisse du public qui ne te rappelle pas”. Mais tout va bien. Le rappel est exécuté et il n’y a pas besoin de se forcer. On aura passé un beau moment décalé, touchant et hors du temps.
Ce sont ensuite les Français de Grand Blanc qui montent sur scène. On a eu l’occasion de les rencontrer après leur concert. Leur interview sera à lire dans quelques jours (semaines) sur Scènes Belges. Ils entrent sur scène avec leur titre “Surprise Party” qui s’ouvre sur quelques notes de synthés digitalisés avant d’envoyer brusquement un gros mur de guitare électrique. Ils enchainent ensuite avec “Los Angeles” ou se succèdent les passages doux avec d’autres bien plus virils. Le quatuor (guitare, basse, synthé et batterie) est venu à Bruxelles pour proposer un set en forme de machine de guerre. Leur musique et leur présence donnent une amplitude bien plus importante en live que sur CD. Dans le même temps la plate forme de la batterie bouge dangereusement alors que les stroboscopes viennent percer violemment les fumigènes. Il en sera ainsi tout au long de leur set électro-rock où le guitariste et la claviériste se succèdent au chant. Le public d’abord curieux et timide se rapproche de la scène et manifeste de manière plus démonstrative son enthousiasme entre chaque morceau. On se laisse aller à danser sur “Verticool” et sa rythmique entêtante. Après la douce ballade « « Ailleurs », le fin du set se fait en mode “pied plus qu’au plancher”. Ils envoie tout d’abord « L’Amour Fou » avant le tellurique et tourmenté « Samedi La Nuit ». Le concert s’achève dans une bouille sonore de larsens et de samples qui se répètent à l’infini. Prenez ça dans la face ! Ils faisaient eux aussi partie de notre top 10 à ne pas louper cette année.
Place ensuite aux cinq gaillards de Stuck In the Sound qui nous envoie des murs de guitares bien acérées dans la face. C’est une grosse énergie qui s’en dégage et qui n’a rien d’oppressante. Elle est même plutôt galopante comme une fuite vers le ciel et l’infini. Leur power-rock est couilleusement éfficace. La nuit est maintenant tombée et le light show tournoyant qui les accompagne participe à cette impression générale de puissance. Dans le public un sympathique pogo s’est formé dans les premiers rangs. On aura pas eu l’occasion de voir tout leur concert mais ce qu’on en aura vu nous aura franchement convaincu et nous fera dire que le rock n’est pas encore mort. Leur titre “Alright” en est le meilleur exemple avec son refrain en forme de slogan à hurler sans ménagement. A la fin de leur concert, tout le monde à la banane.
C’est sur le coup de 22h30 que les dandys-rockeurs parisiens de Feu! Chatterton prennent possession du Mont des Arts sous la lumière d’une pleine lune qui brille sur la ville. On ne peut rêver mieux pour venir accompagner la beauté poétique, aérienne, voir spatiale de leur musique et surtout de leurs paroles. On les avait déjà vu il y a deux petites semaines à Esperanzah!, mais c’est avec beaucoup de plaisir qu’on est retourné les voir. Arthur, le chanteur, est toujours autant habité par ses textes et par la manière dont ils les chante, les déclame, les chuchote ou les hrule. Le titre “A l’Aube” en est la plus belle expression. Les 4 musicos suivent le mouvement dans un rock qui prend parfois des effluves psychédéliques, en étant servi par un magnifique habillage lumineux. Et on a toujours un coup de coeur pour leurs titres “La Fenêtre” et “La Malinche”, brillants d’intensités électriques. Oui, Feu! Chatterton aura réussi son pari qui consistait à nous faire décoller avec eux vers les cieux, pour un beau et long voyage.
C’est donc au clair de Lune que nous remettons le cap vers nos humbles chaumières après une soirée faite de jolies découvertes et de confirmations. A la Place des Palais Booba aura, paraît-il, assuré le show et aura convaincu ses fidèles, sans plus.
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