Pour cette seconde journée de l’édition 2019 des Francofolies de Spa, l’application mobile qui permet de composer son programme personnalisé et d’obtenir des rappels quelques minutes avant le concert nous a été utile, voire indispensable. En effet, ce vendredi aurait pu être qualifié de marathon ou de grand écart tant les artistes programmés nous donnaient envie et que le don d’ubiquité aurait été un vrai plus.

Tanaë ouvrait la scène Rapsat avec la fraicheur et qui la caractérise et ce sens mélodique incroyable. Elle fut suivie par R.O X Konoba. De retour de leur tour du monde, le duo se posait à Spa, déroulant un set gorgé de leurs souvenirs. On commence à bien les connaître, surtout ceux et celles qui ont suivi leurs aventures de Colombie au Japon via les réseaux sociaux. Pourtant, il y a, comme souvent ce petit je-ne-sais-quoi de plus lors de ce concert. Ces deux-là prennent un pied fou à faire de la musique et ont cette faculté de transmission au public. Ce qui frappe chez eux, c’est ce sourire permanent sur leurs visages. Ils racontent, un peu, l’histoire de ces chansons créées à chaque étape de leur périple. Mélange pop électro tantôt planant tantôt dansant, le public n’a pas boudé son plaisir. Le concert sourire du jour.

On attendait beaucoup du groupe L’Impératrice. Il faut dire que le groupe avait été encensé par la presse lors e la sortie de leur album Matahari. Sur scène, vêtus de salopettes qui n’étaient pas sans rappeler celles portées dans la série « V », le groupe a exploité son univers aux influences multiples (Funk, jazz, variété française..). Au final, il y aura chez nous une forme de frustration. Là où nous attendions un coup de cœur scénique, nous avons trouvé un travail bien ficelé, bien en place mais qui, contrairement à ce que l’univers musical proposé pouvait laisser espérer, peu de place à la spontanéité et à la fantaisie musicale. La déception du jour.

Le moment du grand écart était arrivé, 21.30, le cœur et l’agenda partagé entre Hyphen Hyphen sur la scène Proximus et Karine Clercq sur une scène plus intimiste nichée au fond du Parc.
Démarrant avec la belge, dès le premier morceau, le ton était donné. Karin Clercq c’est une force tranquille et un volcan élégant. On sait le regard intéressant et humaniste qu’elle porte sur le monde, des migrants à la condition des femmes. On sait que depuis près de 20 ans elle occupe son petit morceau de la scène belge francophone. On sait qu’elle déçoit rarement voire jamais, qu’elle fait le job. Elle a confirmé tout cela hier et même plus. Karin Clercq est une pépite.

Hyphen Hyphen n’a pas déçu non plus. Ce groupe est définitivement un phénomène générationnel. Musicalement au top, c’est surtout l’énergie du groupe qui saute au yeux mais plus encore le rapport avec le public. Il est impressionnant de voir à quel point Santa peut soulever d’un simple geste un public mais aussi avec quelle simplicité et quel naturel elle partage son bonheur d’être là avec les spectateurs.

La seconde journée du festival se clôturait avec la prestation très attendue d’Orelsan sur la Rapsat. Et ce fut une claque.

Orelsan était le king du ring. Il est définitivement un grand. Une heure trente de concert, sans respiration, de la musique, de la vraie. On avait presqu’oublié que le rap pouvait livrer ce genre de musicalité et de textes audibles et compréhensibles. C’est sans doute là que ce situe la force d’Orelsan ; dans ce mélange des genres, qui balance entre rap et chanson populaire. Au-delà de l’aspect musical, le français se révèle sur scène. Humain et chaleureux, il y a chez Orelsan cette maturité de grand frère qui jette des regards dans le retro avec objectivité et qui, surtout, a trouvé comment transmettre. Les mots sont percutants mais laissant transparaître une forme de tendresse. On a même pensé au Renaud des débuts à certains moments.

Orelsan proposait un show exceptionnel, haut en couleurs et en lumières, techniquement époustouflant mais il ne s’est jamais réfugié derrière ce déploiement de moyens. Il était en communion avec son public et lorsqu’il reprend pour la seconde fois « Basique », la place spadoise s’est transformée en une marée de mains levées. Le roi Orelsan a mis KO ses détracteurs et a transporté les festivaliers.

Chapeau bas.

Please follow and like us:
error
fb-share-icon