Immersion techno-gonzoïde dans une Orangerie qui ne nous a jamais paru aussi petite qu’à l’occasion des concerts de Salut C’est Cool et de Alek et Les Japonaises. Souvenirs flous d’une soirée ultra-cool.
Salut C’est Cool, c’est quatre gros nazes revendiqués qui ont élevé au rang de religion la métaphysique du mauvais goût et de la honte. Enfin, ça c’est moi qui le dit… Eux préfèrent redéfinir la notion de beauté. Chez Salut C’est Cool, tout est cheap, aussi bien les paroles que la musique, en passant par les clips DIY made in Youtube et les coupes mulets aux saveurs de tuning hollandais. Si le tout a l’air minable, si tout fleure bon la saucisse de Francfort et le wallaroo double pot chromé, le succès des parisiens, choyé à grands coups de buzz, surfe sur des paroles incohérentes portées par une techno bordélique mais, l’air de rien, super propre et travaillée. Un style qu’ils qualifient eux-mêmes de cyber-troubadour. Et franchement, nous, on trouve ça super cool !
C’est donc sans perdre une seconde que nous nous sommes jetés sur notre agenda pour marquer au fer rouge la date du 6 novembre quand nous avons appris que le groupe viendrait se produire sur les planches du Botanique. Et nous avons bien fait de ne pas tergiverser car les p’tits gars se sont offerts un joli sold-out en quelques jours à peine…
Un concert de Salut C’est Cool, ça se prépare, ça nécessite une petite mise en jambe. Et cette mise en jambe, c’est Alek et Les Japonaises (ainsi qu’une quantité non négligeable de bière bon marché) qui nous l’a offerte en première partie. Alek et Les Japonaises, c’est un duo belgo-japo-kitschissime, accoutré de slips à paillettes, de lunettes de soleil en plastique et de marcels imprimés de fausse musculature, se positionnant en chantre de l’auto-dérision et du surréalisme déjanté. Une fois passé le sentiment amer de s’être fait floué – ben oui, des japonaises, il n’y en a en fait qu’une – on se surprend à se remuer stupidement mais avec panache sur cette électro-pop multicolore, chargée de paroles absurdes mêlant français, japonais et espagnol. Un OVNI qui fout la banane. Ca fait rire grassement, ça frise la crise d’épilepsie, et une chose est sûr, ça ne laisse personne indifférent. Un peu à la manière des Rita Mitsouko, dont les vocalises sont familières : on aime ou on déteste. Nous, on a adoré. On a même fait un cumulet.
« Vous le sentez, oui ? Nous sommes tous des galaxies. »
Trente minutes et un bon litre plus tard, le bar du Bota se désemplit : le concert de Salut C’est Cool est sur le point de commencer. On rejoint donc à nouveau l’Orangerie et on retrouve une salle pleine à craquer (comme moi). Sans intro, sans crier gare, Salut C’est Cool débarque sur scène et nous rentre dans le lard. Le public est pris d’assaut par une véritable explosion de basses techno et de sons MIDI. Les corps se percutent au début, mais rapidement, se mettent à glisser les uns sur les autres, lubrifiés par les litres de sueur qui ruissellent sur le parquet de la petite salle bondée. Le surplus d’êtres humains occupant les lieux déborde régulièrement sur la scène, nous offrant un effervescent chaos de bras et de jambes. On se bouscule, on pratique le crowdsurfing jusqu’à l’excès, on fait encore des cumulets (parce que c’est chouette), et tout le monde s’aime. Tant mieux, car après tout, « nous sommes tous des fleurs« . Les mecs de Salut C’est Cool ne savent pas chanter et passent leur temps à faire des trucs avec des choses dont on ne comprend à peu près rien et dont on ne se souviendra de toute façon pas trop demain matin… Mais on s’en fout parce que « putain que c’est bon » ! La température ambiante atteint rapidement les 451 degrés Farenheit et les cerveaux s’embrasent comme un coupon de papier toilette que l’on jetterait dans les flammes du Mordor après avoir dessiné dessus une licorne au Bic quat’couleurs.
Nonante minutes de concert complètement WTF, du « boum boum dans les oreilles » grassement psychotrope, une hystérie surréaliste, un pogo permanent ; la fournaise de Salut C’est Cool offre le temps d’un concert des vacances à notre système neuronal. Et ça fait du bien.
Echantillon :
Salut C’est Cool sera de retour à Bruxelles pour fêter la nouvelle année avec nous à l’occasion du FCKNYE FESTIVAL